L’URSS, disparue il y a 25 ans, ne manque pas à la militante Lioudmila Alexeeva

Il y a 25 ans, le premier et dernier président de l’Union soviétique et artisan de la Perestroïka, Mikhaïl Gorbatchev, démissionne de ses fonctions, marquant par là la fin de l’URSS et l'échec de sa volonté de la réformer. Deux ans plus tard, en 1993, la fondatrice du Groupe Helsinki de Moscou Lioudmila Alexeeva rentre à Moscou, après seize ans d’un exil forcé aux Etats-Unis. Aujourd’hui, elle est la doyenne des défenseurs des droits de l’homme en Russie. Malgré une santé fragile, elle a accepté de répondre aux questions de RFI.

Avec notre correspondante à Moscou, Elena Volochine

En Russie, la plupart des retraités sont nostalgiques de l’URSS. Mais pas Lioudmila Alexeeva. Depuis cinquante ans, elle se bat pour la défense des droits de l’homme, dont 25 ans avant et 25 après la fin de l’URSS. Pour elle, la situation moderne n’est pas comparable à l’époque soviétique : « Aujourd’hui, il n’y a pas une seule région sans organisation de défense des droits de l’homme. Alors qu’à l’époque, nous étions la seule. »

« Toute notre histoire qui a précédé est celle d’un Etat totalitaire »

Dans les années 1990, Lioudmila Alexeeva a cru voir une démocratie dans un futur proche. Mais elle a dû revoir son jugement : « En Russie, un long et profond retour en arrière était inévitable, car toute notre histoire qui a précédé est celle d’un Etat totalitaire, ou autoritaire. Les derniers événements ont démontré que si l’Empire soviétique s’est effondré, l’impérialisme vit toujours dans la tête d’un grand nombre de mes concitoyens. La démocratie, c’est une chose que l’on doit installer non seulement dans la vie réelle, ce qui est déjà difficile et prend du temps, mais aussi dans l’esprit des gens, ce qui est encore plus dur. »

A 89 ans, Alexeeva croit fermement que la Russie sera un jour un Etat démocratique. Mais elle n’espère plus le voir de son vivant.

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