Si elle vit aujourd’hui à Tallinn avec sa famille, c’est parce qu’Evguenia Tchirikova redoute de subir le même sort qu’un certain nombre de ses amis militants ou opposants politiques russes. Elle a confié récemment à une chaîne de télévision estonienne : « Quasiment tous mes collègues, tous ceux avec lesquels j’ai travaillé durant ces sept dernières années, sont soit en prison soit morts ou assigné à résidence. Et ils risquent de se faire emprisonner à tout moment. Moi, comme je suis mère, le plus facile, c’était de faire du chantage en utilisant mes enfants. »
Avec sa voix sonore haut perchée et un certain talent d’oratrice, la militante écologiste a su fédérer la société civile à la fin des années 2000, pour se battre contre la construction par l’entreprise française Vinci d'un tronçon d'autoroute dans la forêt de la banlieue nord de Moscou. Son rôle essentiel dans cette mobilisation a aussi valu à cette jeune femme, élue au conseil de coordination de l’opposition, des ennuis de la part des services russes de l’enfance. Des menaces réitérées récemment, selon Evguenia Tchirikova, qui dit redouter de voir ses deux enfants devenir la cible de « chantages ».
Mais si elle a déménagé en Estonie pour mettre ses deux filles à l'abri, la militante compte poursuivre ses activités écologistes. Elle affirme ne pas souhaiter demander l’asile politique, pour pouvoir faire régulièrement des allers-retour entre Tallinn et Moscou.