Alors qu’Anis Amri court toujours, son implication dans l’attentat de Berlin ne fait plus guère de doute. Ce jeudi, Thomas de Maizière a annoncé que les empreintes digitales de ce Tunisien de 24 ans ont été retrouvées dans la cabine du camion qui a foncé dans la foule d’un marché de Noël de la capitale allemande.
« Nous pouvons aujourd’hui annoncer qu’il y a des indices supplémentaires selon lesquels ce suspect est selon toute probabilité vraiment l’auteur » de l’attentat, a indiqué le ministre allemand de l’Intérieur.
Le nom d’Anis Amri est apparu mercredi 21 décembre après qu’un permis de séjour à son nom a été découvert la veille dans la cabine du camion. Un avis de recherche a alors été lancé, accompagné d’une promesse de récompense s’élevant jusqu’à 100 000 euros.
Plusieurs perquisitions ont été menées ce jeudi dans des endroits où le suspect principal de l'attentat était censé être passé, à Dortmund dans l’ouest du pays, mais aussi dans des appartements et une mosquée salafiste à Berlin. « Aucune arrestation n'a jusqu'ici eu lieu », a toutefois précisé la porte-parole du parquet fédéral allemand, Frauke Köhler.
Connu des services de police
Arrivé en Allemagne en 2015, ce demandeur d’asile tunisien était déjà connu des services de police. Il avait l’objet d’une enquête pour préparation d’attentat et avait été placé sous surveillance pendant l’essentiel de l’année 2016. L’enquête avait finalement été abandonnée en septembre, faute d’éléments probants.
Anis Amri était également soupçonné de cambriolage pour financer l’achat d’armes automatiques. Selon le quotidien allemand Bild, il avait même essayé de recruter des complices il y a plusieurs mois.
Le jeune homme était aussi connu par les autorités américaines, pour avoir été en contact avec des membres de l’organisation Etat islamique et pour avoir effectué des recherches sur la fabrication d’explosifs. Ce jeudi, les médias italiens ont par ailleurs révélé qu’il avait passé quatre années en prison en Italie, entre 2011 et 2015, pour l’incendie d’une école.
Anis Amri était arrivé sur l’île de Lampedusa pendant le « printemps arabe » en 2011. Il s’était déclaré mineur alors qu’il avait 18 ans. Il avait ensuite été orienté vers un centre d’accueil pour mineurs dans l’est de la Sicile.
Angela Merkel salue son peuple
Il avait fait l’objet de mesures d’expulsion en Italie et en Allemagne, qui n’avaient pas pu aboutir parce que la Tunisie avait contesté pendant plusieurs mois le fait qu’il soit l’un de ses ressortissants. Ce n’est que mercredi 21 décembre que Tunis a reconnu sa nationalité tunisienne et fourni un document de voyage permettant son expulsion.
Alors que l’attentat a relancé le débat sur l’accueil des migrants en Allemagne et que les autorités allemandes sont désormais sous le feu des critiques pour avoir laissé Anis Amri en liberté, Angela Merkel a loué ce jeudi « le travail hautement professionnel » des enquêteurs.
La chancelière allemande s’est également dite « très fière » du « calme » des Allemands, qui n’ont pas cédé à la panique après cet attentat islamiste, le plus meurtrier qu’ait connu le pays.
La vie a en effet repris ses droits à Berlin. Le marché de Noël frappé par l'attentat a rouvert ses portes, et de nombreux Berlinois sont venus s’y recueillir. Un semblant de normalité s’installe à nouveau dans la capitale allemande à la veille du réveillon de Noël.