Berlin: extrême droite et pacifistes face à face près des lieux de l’attentat

Au surlendemain de l’attentat au camion-bélier contre un marché de Noël, Berlin était le théâtre de deux manifestations ce mercredi 21 décembre. L'une des partis d'extrême droite, l’autre de pacifistes opposés à la récupération politique de l’attentat.

Avec notre envoyée spéciale à Berlin,  Anastasia Becchio

C’est un face à face tendu qui a lieu ce mercredi soir à quelques mètres seulement du lieu de l’attentat. Deux groupes de manifestants séparés par plusieurs rangées de barrières métalliques et par un important cordon policier. D’un côté, les militants d’extrême droite, néonazis, agitant le drapeau allemand et même un drapeau du IIIe Reich. De l’autre, des antifascistes, des militants de la société civile, des habitants et des officiels du quartier, comme le maire de Charlottenburg, venus protester contre la récupération politique de l’attentat par les partis populistes.

« Le fascisme ne passera pas ! »

« Angela Merkel a du sang sur les mains », « avec sa politique d'immigration, elle est responsable de l'attentat », hurle dans un haut-parleur un militant du parti néonazi NPD. Le camp adverse, lui, scande : « Dégage ! », « hors d’ici, le fascisme ne passera pas ! », et brandit de gros cœurs rouges. La foule est quatre à cinq fois supérieure à celle des extrémistes qui ne dépasse une centaine de participants.

Filipp, 71 ans, tient une pancarte pour dénoncer toutes les formes d'extrémisme. « Je proteste contre les nazis et contre les islamistes parce qu'ils ont les mêmes approches fanatiques. Il y a beaucoup de groupes politiques qui critiquent violemment Merkel et sa politique à l'égard des réfugiés. Moi je la trouve fondamentalement correcte. »

Le maire de l'arrondissement de Charlottenburg, où s'est produite l'attaque de lundi, est venu remercier les Berlinois de leur mobilisation contre les militants néonazis qui, selon lui, cherchent à instrumentaliser les choses. Ralf n'avait pas le cœur à manifester. Le temps est plus au recueillement et à l'introspection, dit-il, mais il est quand même venu gonfler les rangs des antifascistes. « On a fait une petite frontière, on a fait un petit mur de liberté contre les nazis », explique-t-il.

Dans la soirée, le calme est revenu aux abords du marché de Noël endeuillé où les Berlinois continuent de déposer des fleurs et des bougies.

« Merkel doit partir »

Depuis l’attentat de lundi sur le marché de Noël, les populistes font entendre leur voix. Le parti anti-immigration AfD a d’ailleurs organisé une autre manifestation de quelques centaines de personnes devant la chancellerie. Tous ces partis accusent Angela Merkel d’avoir mis le pays en danger avec sa politique d’accueil des demandeurs d’asile jugée trop généreuse. Leur mot d’ordre ce soir : « Il faut fermer les frontières » et qu'Angela Merkel s'en aille. 

C'est d'ailleurs le message que cet électeur déçu de la CDU, le parti de la chancelière, a écrit sur sa pancarte. « Merkel doit partir. Où ? Je ne sais pas, mais ce que je sais c'est qu'elle doit partir sans toucher sa retraite. Quand on fait autant d'erreurs et qu'on se fabrique autant d'ennemis, on doit dire, ok, je m'en vais sans ma retraite et je demande pardon », soutient-il. 

L'AfD, qui va de succès en succès aux élections régionales et qui entend bien entrer au Parlement à l'automne prochain, accuse pour une nouvelle fois Angela Merkel d'avoir mis le pays en danger avec sa politique des bras ouverts pour les réfugiés. Un message qui séduit ce quinquagénaire qui ne veut pas donner son nom. « L'islam prend lentement le dessus. J'ai peur, j'ai peur pour mes enfants, j'ai peur dans l'absolu. Ça n'a rien à voir avec les nazis ou des choses comme ça. J'aime mon pays tout simplement et c'est pour ça que je manifeste », se justifie-t-il.

L'orateur a donné rendez-vous aux militants le 11 janvier pour une nouvelle manifestation intitulée « Merkel doit partir ».

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