Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
Jusqu'à présent, le Parlement polonais était l'un de ceux en Europe où les journalistes avaient le plus de libertés. Les caméras avaient accès presque partout, de la tribune de presse dans l'hémicycle, aux couloirs du Parlement, en passant par les salles où se tenaient diverses commissions parlementaires. Mais à partir du 1er janvier, ce sera terminé, le pouvoir conservateur, déjà accusé d'avoir mis la main sur la télévision et la radio publique, va restreindre les libertés de la presse.
Chaque média n'aura droit qu'à deux journalistes accrédités en permanence au Parlement et seules les caméras officielles de cinq télévisions seront autorisées dans l'hémicycle. La presse sera par ailleurs cloîtrée dans un centre de médias. Les députés pourront donc l'éviter sans problème.
L'opposition libérale crie à une atteinte à la démocratie et réclame des médias libres. Vendredi pendant sept heures, quelques dizaines de députés ont bloqué la tribune de l'hémicycle, forçant les conservateurs à voter le budget 2017 dans une autre salle. Dans le même temps, environ un millier de manifestants d'opposition ont protesté en face du Parlement contre les méthodes utilisées par le pouvoir.
Plusieurs centaines d'entre eux ont bloqué dans la nuit de vendredi à samedi toutes les sorties du Parlement à Varsovie où se trouvaient la Première ministre Beata Szydlo, le chef du parti conservateur au pouvoir Jaroslaw Kaczynski et plus de deux cents députés de la majorité. Quelques députés de Droit et Justice (PiS) avaient tenté de quitter l'enceinte du Parlement, mais leurs voitures ont été arrêtées par la foule de manifestants et ont dû reculer. La police, présente en force, avait tenté d'évacuer quelques manifestants, mais y a rapidement renoncé et le blocage restait en place vers une heure du matin.