Procès Ratko Mladic à La Haye: les réquisitions ont commencé

La phase finale du procès de Ratko Mladic s’est ouverte à La Haye au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Après la condamnation de Radovan Karadzic, l’ancien leader politique des Serbes de Bosnie, c’est au tour de leur ancien chef militaire, âgé de 74 ans, de voir son procès sur le point de se conclure. Il est accusé d'avoir entrepris le « nettoyage ethnique » d'une partie de la Bosnie, en vue de créer un État serbe ethniquement pur. Lundi avaient lieu les réquisitions du procureur.

Avec notre correspondant à Bruxelles,  Pierre Bénazet

Engoncé dans son costume gris clair, Ratko Mladic écoute le réquisitoire du procureur du TPIY avec un détachement évident. Depuis le début de son procès, il y a quatre ans et demi, l’ancien commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie s’est toujours posé en défenseur des Serbes, affirmant pour sa défense que les États se sont toujours constitués par la violence.

Le procureur s’est employé à démontrer que Ratko Mladic était véritablement celui qui a transformé en Krajina croate l’armée yougoslave en supplétive des séparatistes serbes, qu’il était aussi un des principaux auteurs des plans stratégiques du nettoyage ethnique en Bosnie-Herzégovine ou de la prise de Srebrenica. Une opération qu’il a d’ailleurs commandée lui-même, promettant à ses troupes la revanche contre les Turcs, c’est-à-dire les Bosniaques musulmans.

Ratko Mladic est accusé de génocide pour la prise de cette ville martyre à l’été 1995, où plus de 8 000 musulmans ont péri. Mais aussi pour avoir commandé les forces bosno-serbes lors des près de quatre ans de siège de Sarajevo où 5 000 à 10 000 civils ont trouvé la mort.

→ (RE)LIRE : Ratko Mladic face aux juges du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

Le procureur du tribunal dispose de trois jours pour requérir avant de laisser la parole pour un temps égal au plaidoyer de la défense. La longueur de cette phase finale est à l’aune de ce procès fleuve entamé un an après l’arrivée de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie à La Haye.

Il faut dire que d’une part, ce procès a été ralenti par la santé défaillante de Ratko Mladic et que d’autre part, le nombre d’accusations qui pèsent à son encontre a multiplié les témoignages et les audiences.

Pour ce tribunal qu’il qualifie de « satanique », c’est la dernière ligne droite, plus d’un quart de siècle après sa création. Un tribunal qui aura jugé plus de 170 responsables des pires exactions commises en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale

 

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