Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
Engoncé dans son costume gris clair, Ratko Mladic écoute le réquisitoire du procureur du TPIY avec un détachement évident. Depuis le début de son procès, il y a quatre ans et demi, l’ancien commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie s’est toujours posé en défenseur des Serbes, affirmant pour sa défense que les États se sont toujours constitués par la violence.
Le procureur s’est employé à démontrer que Ratko Mladic était véritablement celui qui a transformé en Krajina croate l’armée yougoslave en supplétive des séparatistes serbes, qu’il était aussi un des principaux auteurs des plans stratégiques du nettoyage ethnique en Bosnie-Herzégovine ou de la prise de Srebrenica. Une opération qu’il a d’ailleurs commandée lui-même, promettant à ses troupes la revanche contre les Turcs, c’est-à-dire les Bosniaques musulmans.
Ratko Mladic est accusé de génocide pour la prise de cette ville martyre à l’été 1995, où plus de 8 000 musulmans ont péri. Mais aussi pour avoir commandé les forces bosno-serbes lors des près de quatre ans de siège de Sarajevo où 5 000 à 10 000 civils ont trouvé la mort.
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Le procureur du tribunal dispose de trois jours pour requérir avant de laisser la parole pour un temps égal au plaidoyer de la défense. La longueur de cette phase finale est à l’aune de ce procès fleuve entamé un an après l’arrivée de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie à La Haye.
Il faut dire que d’une part, ce procès a été ralenti par la santé défaillante de Ratko Mladic et que d’autre part, le nombre d’accusations qui pèsent à son encontre a multiplié les témoignages et les audiences.
Pour ce tribunal qu’il qualifie de « satanique », c’est la dernière ligne droite, plus d’un quart de siècle après sa création. Un tribunal qui aura jugé plus de 170 responsables des pires exactions commises en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale