Lorsqu’il arrive au pouvoir en février 2014, Matteo Renzi a 39 ans. C’est le plus jeune président du Conseil de l’histoire du pays. A 29 ans, il était déjà à la tête de la province de Florence, la ville dont il devient maire en 2009. Il affirme alors : « Ou je change Florence, ou je change de métier ».
Renzi l’ultra-dynamique, l’« homme pressé », fonctionne par annonces pour « forcer la main à la bureaucratie », affirme un proche dans le livre qui lui est consacré, Le Florentin. Il se targue de ne pas appartenir au « système », et choque en 2010 ses partenaires de la démocratie chrétienne en acceptant une invitation à dîner du Cavaliere Silvio Berlusconi.
« A la casse »
En prenant la tête du Parti démocrate il y a trois ans, il promet de « mettre à la casse » les vieilles figures du parti et écarte des poids lourds, comme l’ancien maire de Rome Walter Veltroni ou l’ex-chef du gouvernement Massimo D’Alema. Il prend la tête du gouvernement en poussant sans ménagement vers la sortie son prédécesseur, Enrico Letta.
Renzi promet alors aux Italiens une réforme par mois et un changement profond dans les 100 jours, vite transformés dès le mois d’août en mille jours. Réformes du marché du travail, de l’école, de l’administration, de la justice, union civile pour les homosexuels…
Mais Renzi est accusé de gouverner seul, sans souci du compromis ; c’est d’ailleurs seul qu’il s’est présenté ces dernières semaines aux réunions publiques pour convaincre les Italiens de voter « oui » au référendum. Et c’est directement qu’il s’adresse aux Italiens sur Facebook et Twitter pour répondre à ses détracteurs.
Une coalition contre Renzi
« Si le non l’emporte, je démissionne », proclame Renzi lorsque le « oui » est en tête des sondages. Il finira par regretter cette personnalisation extrême du scrutin, dans laquelle une large majorité de la classe politique – extrêmes, droite classique, frondeurs de son parti – s’est engouffrée pour obtenir son départ. Tous ont appelé à voter « non », dénonçant un texte qui donne trop de pouvoirs au chef du gouvernement. Jusqu’à l’ancien président du Conseil Romano Prodi qui n’appelle à voter « oui » que du bout des lèvres, estimant que « les réformes n’ont pas la profondeur et la clarté nécessaires ».
Cette coalition contre le jeune Toscan avait déjà fait des ravages en juin dernier lors des municipales partielles, lorsqu’en plus de Rome et à la surprise générale, le Parti démocrate avait aussi perdu Turin.
La population italienne a donc à nouveau suivi les politiques. D’autant que si Renzi a tenu sa promesse de faire renouer l’Italie avec la croissance, elle reste une des plus faibles de l’Union européenne et les résultats sur le terrain se font attendre.
■ Le bilan économique terne de Matteo Renzi
La plus symbolique des réformes Renzi, c'est le Jobs Act, sa libéralisation du marché du travail en 2015. Contrats à garantie croissante, réduction des cotisations à l'embauche. Les exclus du marché du travail retrouvent le chemin de l'emploi.
Mais les chômeurs inscrits n'en récoltent pas les fruits. En un an et demi, le Jobs Act fait fléchir le taux de chômage d'un point à peine. Il stagne autour des 11,5% en 2016. Au-dessus de la moyenne européenne.
Matteo Renzi a aussi voulu relancer la consommation et l'investissement : réduction d'impôts pour les bas revenus, baisse de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, suppression de la taxe foncière... Seule la dernière réforme a abouti.
Mais Renzi a quand même réussi à relancer un peu la croissance italienne. Atone avant son arrivée, elle peine aujourd'hui à dépasser 1%.
Et la dette du pays reste colossale. Elle pèse 132% du PIB. Deux fois plus que les critères de stabilité imposés par Bruxelles. Après Matteo Renzi, l'Italie reste donc un mauvais élève de la zone euro.