« La région d’Odessa n’est pas seulement aux mains d’individus corrompus, mais aussi des ennemis de l’Ukraine. Je ne peux plus le supporter. Je démissionne. »
Le champion de la lutte anticorruption démissionne, mais il ne renonce pas : « Nous terminerons ce combat », a déclaré Mikheil Saakachvili, ajoutant qu'il lutterait autant qu'il le faudrait pour débarrasser l'Ukraine de ce fléau.
Son bilan de gouverneur réformateur à Odessa depuis mai 2015 est mitigé et décrié par de nombreux adversaires politiques. Dans un discours posté sur son compte Facebook, il attaque sans détour son ancien ami le président Petro Porochenko. « On ne m'a jamais autant trompé », déclare l'ex-gouverneur qui dénonce les promesses non tenues, entre autres dans la gestion du complexe portuaire d'Odessa, et qui accuse le chef de l'Etat ukrainien de soutenir la criminalité organisée dans la région d'Odessa.
Mikheil Saakachvili raconte notamment comment le chef de la police régionale qu'il avait nommé pour sa probité, était « le premier à ne pas accepter de pots-de-vin depuis des années », mais les autorités lui ont retiré une grande partie de ses prérogatives et l'homme a été harcelé de toutes parts, jusqu'à démissionner lui aussi.
Les accusations de Mikheil Saakachvili sont dures à prouver et s’inscrivent dans de profondes rivalités politiciennes, analyse notre correspondant à Lviv, Sébastien Gobert. Mais elles trouvent un écho certain dans la population, déçue par le manque de réformes et l’inefficace lutte contre la corruption.
Fervent partisan de la révolution pro-occidentale de 2014, Mikheil Saakachvili avait rejoint l'Ukraine en promettant d'obtenir les mêmes résultats qu'en Georgie en matière de lutte contre la corruption. En vain, pour l'instant.
Critiqué pour son autoritarisme, et pour les mille morts de sa guerre éclair contre la Russie en août 2008 dans la région séparatiste d'Ossétie du Sud, Mikheil Saakachvili avait réussi, en dix ans de pouvoir, à relancer l'économie et à réduire la corruption de façon spectaculaire.