Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
« Les temps ont changé, finies les majorités absolues, place au dialogue, à la concertation et aux négociations. Je vais pratiquer une politique de la main tendue. » Ces paroles de Mariano Rajoy, 61 ans, depuis 30 ans au plus haut niveau politique, reflètent le scénario politique inédit.
Le Parti populaire, qui sera aux commandes, ne dispose que de 137 députés sur 350, une toute petite moitié, ce qui veut dire que toute réforme importante passera comme décret-loi, ou bien, plus sûrement, comme le fruit d'un accord avec d'autres partis.
Opposition ferme
Ce ne sera pas facile car les socialistes et les centristes de Ciudadanos ont laissé entendre qu'ils allaient pratiquer une opposition ferme, « notamment dans la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale et pour la lutte contre l'austérité ».
Or, en face, Mariano Rajoy a tracé aussi des lignes rouges, tout particulièrement pour défendre les coupes budgétaires dans les dépenses publiques. L'affrontement est servi. Il faut s'attendre à un exécutif instable et fragile.
L'ex-chef du parti socialiste Pedro Sanchez a annoncé sa démission
Conséquence de ce dénouement favorable à Rajoy, l'ancien chef du PSOE, renversé par les siens, a annoncé avec regret qu'il quittait son poste de député, sans renoncer toutefois à de nouveau briguer la direction du parti.
C'est la gorge serrée que Pedro Sanchez a annoncé sa démission du Congrès. Il faut dire que l'ancien chef du PSOE figurait parmi les plus ardents partisans du départ de Mariano Rajoy. Et lors de son court discours, prononcé quelques heures seulement avant un vote de confiance du Congrès au conservateur Rajoy, le socialiste a voulu rendre hommage à ses électeurs et rappeler qu'il tenait ses engagements.
« Vous devez le comprendre : je ne peux pas trahir mon parti ni la confiance des millions d’électeurs qui ont voté pour le Parti socialiste lors des dernières élections. Je ne peux pas trahir les millions de socialistes de cœur, adhérents du parti ou pas. Et c'est avec fierté que je me tiens à leur côté pour dire non, c'est non » à Mariano Rajoy.
Aux commandes du Parti socialiste depuis 2014, Pedro Sanchez ne fait pas réellement ses adieux. Dès lundi, il ira à la rencontre des militants aux quatres coins de l'Espagne, a-t-il dit, et de laisser entendre qu'il pourrait briguer un nouveau mandat de secrétaire général lors du prochain congrès du parti.