Brexit: la Première ministre Theresa May prise en étau

La Haute Cour de Londres se penche pour trois jours, à partir de ce jeudi, sur les recours introduits par des groupes de citoyens britanniques contre la décision de la Première ministre Theresa May de lancer la procédure du Brexit avant mars prochain, sans consulter le Parlement. Pour ne rien arranger, la Première ministre a été obligée de lâcher du lest mercredi sous la pression des députés britanniques qui souhaitent avoir leur mot à dire sur le Brexit.

Des citoyens aux profils très différents, allant du coiffeur à la gestionnaire de fonds de pension, ont introduit ces actions en justice. Parmi eux, Grahame Pigney, un ancien directeur informatique et son fils de 22 ans, Robert Pigney, qui vit à Gibraltar. « On espère à travers ce procès que le Parlement soit celui qui décide où, comment, etc., le Royaume-Uni doit sortir de l’Union européenne. Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été réglées au niveau du référendum, explique Pigney. Est-ce que les gens sont prêts pour les conséquences économiques ? Personne n’a demandé. Et c’est ça que le Parlement devrait examiner. Est-ce que tout le monde est d’accord sur les détails d’une sortie potentielle. »

La Première ministre Theresa May accuse tous ces Britanniques de vouloir « contourner » le résultat du référendum pour le Brexit, et certains ont reçu des menaces sur les réseaux sociaux. Des manifestants ont également campé devant les bureaux des avocats des plaignants. « On a été l’objet de remarques déplaisantes, et par occasion de menaces, mais nous ne sommes pas intimidés par ce genre de de faits, par ce genre de tactique. Nous sommes concernés par le futur de notre pays, nous allons présenter ce cas, et nous allons nous battre », poursuit Pigney.

La décision des juges de la Haute Cour de Londres n'est pas attendue avant plusieurs semaines, elle fera probablement l'objet d'un appel, et la Cour suprême devra alors se prononcer à son tour.

Les députés auront-ils le dernier mot sur les termes du Brexit ?

La question agite aussi fiévreusement la classe politique depuis plusieurs jours et se heurte à un non catégorique de la nouvelle occupante du 10 Downing Street, qui fait face à un autre front. Après avoir répété ad nauseam sa fameuse tautologie « Brexit signifie Brexit », Theresa May martèle désormais que le vote des Britanniques est irrévocable et que la mise en œuvre d'une sortie de l'UE est l'affaire du gouvernement, pas du Parlement. Néanmoins, devant une chambre des Communes en ébullition ce mercredi, elle a fini par concéder aux députés le droit de débattre de sa stratégie de sortie à condition que ce « contrôle » parlementaire ne sape pas les négociations avec Bruxelles ou pire n'entrave pas le Brexit.

Et Theresa May a continué à entretenir le flou sur sa stratégie, se contentant de dire qu'elle souhaitait un « accès maximum au marché unique » avec un contrôle migratoire strict, provoquant les moqueries de l'opposition travailliste. Jeremy Corbyn a accusé le gouvernement de n'avoir aucune stratégie et dénoncé le chaos au sein des conservateurs. Le débat qui s'en est suivi a montré que les députés sont nombreux, qu'ils aient voté pour rester ou partir, à critiquer l'absence de clarté de l'exécutif et sont déterminés à obtenir un vote final avant de claquer la porte de l'Union en 2019.

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