Hongrie: 2e audience sous tension d’un migrant syrien accusé de terrorisme

Alors que le gouvernement de Viktor Orban mène une campagne virulente contre les migrants et réfugiés, Ahmed H., un père de famille syrien, comparaît ce vendredi 23 septembre devant le tribunal de Szeged en Hongrie. C’est la 2e audience de son procès qui se déroule dans une atmosphère très pesante. Il est accusé de terrorisme et encourt une peine de 10 à 20 ans de prison. Une accusation qui paraît bien lourde par rapport aux faits. Il y a un an, le 16 septembre 2015, des échauffourées opposaient plusieurs centaines de migrants à la police hongroise, à la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Ahmed est accusé d’avoir lancé des pierres sur les policiers et d’avoir incité la foule à franchir illégalement la frontière.

Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère

C’est avec des menottes aux mains et des chaînes au pied que l’accusé est entré dans le tribunal, encadré de deux policiers masqués. L’accusé s’appelle Ahmed H., c’est un père de famille syrien de 35 ans. Il a été arrêté l’an dernier, il y a un an exactement. La Hongrie venait de fermer sa frontière et des centaines de réfugiés se sont retrouvés coincés de l’autre côté en Serbie.

Excédés, des dizaines d’entre eux ont lancé des pierres vers les policiers. Les forces anti-émeutes ont répliqué en frappant les réfugiés, ce qui les a fait fuir. Et les policiers ont arrêté ceux qui ne courraient pas assez vite, comme Ahmed H.

Alors, il est accusé de « terrorisme » parce que, selon le procureur, il a incité la foule à la violence et parce qu’il aurait essayé de contraindre la police, par la force, à ouvrir la frontière. En fait, selon plusieurs témoignages et vidéos qui ont été visionnés au procès, Ahmed H. a plutôt essayé de calmer la foule.

Ce procès a ainsi tout l’air d’un procès politique. Il s’inscrit parfaitement dans la campagne actuelle du gouvernement, une campagne très hostile envers les migrants qui essaie de les assimiler tous à des terroristes.

Le problème est que la définition de l’acte terroriste est très large en Hongrie : si quelqu’un donne un coup de file à un tribunal en disant :« Je vais mettre une bombe si vous n’annulez pas tel ou tel procès », ça peut être qualifié comme un acte terroriste.
Alors le verdict devrait tomber fin octobre et Ahmed Hamed risque jusqu’à 20 ans de prison.

La population partagée sur la question des migrants

Judit Gerse est une jeune enseignante de 25 ans. Elle est scandalisée par ce procès. Avec d’autres activistes, elle va manifester avec d’autres devant le tribunal. « On veut manifester devant le tribunal où Ahmed est jugé pour terrorisme. C’est une accusation ridicule. Et puis toute la rhétorique des juges est xénophobe. Je dirais même fasciste. On n’accuse pas seulement la Hongrie. On accuse aussi tous les pays de l’Union européenne ; en gardant le silence, ils acceptent ce qui se passe ici », confie-t-elle.

Ferenc Takacs est retraité. Il ne connaît pas les détails du procès. Mais il est persuadé que les réfugiés sont une menace pour la Hongrie. « Ils représentent un danger, témoigne-t-il. On a assez de pauvres comme ça en Hongrie : des sans-abri, il y a beaucoup de gens très pauvres. Pourquoi est-ce qu’il faudrait accueillir des gens qui ne vont jamais s’intégrer dans la société ? Ils ne sont pas comme nous. Nous, les chrétiens on donne la vie. Eux, ils ne sont pas pour la vie, ils sont pour la mort. »

L’audience du procès a lieu à 10 jours d’un référendum. Le gouvernement appelle les électeurs à voter contre l’accueil des réfugiés en Hongrie.

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