Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère
Aujourd’hui, plus un seul réfugié ne vit à Budapest. Il y a un an, le chaos régnait autour de la gare de Keleti (la gare de l'Est), où des milliers de migrants campaient à même le sol dans des conditions effroyables, attendant vainement des trains pour l’Allemagne. Les autorités hongroises avaient suspendu le trafic international. Finalement, le gouvernement a transporté ces milliers de migrants en autocar vers la frontière autrichienne, mettant ainsi fin au désordre.
Il existait plusieurs raisons à ce chaos. Le gouvernement hongrois voulait d'abord que les réfugiés patientent dans des centres d’accueil en Hongrie. Selon la législation européenne, les demandeurs d’asile doivent en effet rester dans le pays d’entrée jusqu’à l’examen final de leur demande. Mais les réfugiés ne rêvaient que de rejoindre l’Allemagne et préféraient dormir dans la gare pour attendre des trains. D’où une énorme congestion.
Chaos organisé
Ce chaos était par ailleurs un peu organisé. Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés avait proposé de l’eau, des couvertures pour ces milliers de personnes à la gare de Keleti mais le gouvernement avait refusé. Selon la presse hongroise, Viktor Orban aurait voulu maintenir le chaos pour « montrer aux Hongrois ce dont nous les préservons ».
La clôture de barbelés de 4 mètres de haut que la Hongrie a érigée sur sa frontière avec la Serbie a été achevée par la suite, le 15 septembre 2015. Elle a dévié la route des migrants vers la Croatie et la Slovénie. La Hongrie a ensuite durci sa législation. Des centaines de clandestins ont été condamnés à être expulsés ou emprisonnés. Ce qui a eu un effet dissuasif, selon le gouvernement hongrois.
Ennemi invisible
Des migrants essaient encore de franchir cette frontière mais le flot a beaucoup diminué depuis que la Turquie a accepté de surveiller son littoral. Désormais, environ 200 migrants arrivent chaque jour à la frontière pour demander l’asile. Ils attendent dans une zone de transit avant d'être hébergés dans des centres d’accueil.
Depuis le 1er janvier de cette année, près de 26 000 personnes ont déposé une demande. Mais seules 2 000 d'entre elles vivent dans les centres d’hébergement, dont elles peuvent sortir librement. La majorité de ces migrants ont donc déjà quitté la Hongrie pour l’Autriche ou l’Allemagne, grâce à des passeurs. Certains clandestins arrivent aussi à couper les barbelés avec des pinces. La police en appréhende une soixantaine par jour, qu'elle reconduit ensuite de l’autre côté de la clôture.
Ces fugitifs sont donc très peu nombreux et ne restent pas dans le pays. Mais le gouvernement de droite populiste continue à les présenter comme des terroristes potentiels. Cet ennemi invisible permet à Viktor Orban, Premier ministre, de renforcer sa popularité et de se poser en défenseur de la Nation.