La brouille entre l'Autriche et la Turquie a débuté mercredi 3 août au soir, quand le chancelier social-démocrate autrichien Christian Kern a qualifié les discussions en vue d'une adhésion d'Ankara à l’Union européenne de « fiction diplomatique » et affirmé que « les normes démocratiques étaient clairement insuffisantes pour justifier une accession » de la Turquie. En cause : les purges qui touchent aussi bien l'armée que les journalistes depuis le putsch raté du 15 juillet dernier en Turquie.
La position adoptée par le chancelier autrichien n’a visiblement pas plu au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Le Luxembourgeois a déclaré sur un ton assez ferme qu’abandonner les négociations d’adhésion avec la Turquie serait « une grave erreur ».
« Racisme radical »
Le jour même, le 3 août, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, le Norvégien Thorbjorn Jagland, apportait, lui, son soutien à la politique de Recep Tayyip Erdogan en affirmant qu'il y avait eu « trop peu de compréhension de la part de l'Europe ».
Les réactions ont été encore plus virulentes du côté du gouvernement turc, qui s’est dit « troublé » par la proximité entre les propos de Christian Kern et les positions de l'extrême droite autrichienne, qui visera la présidence lors du nouveau second tour de l'élection, en octobre prochain, après annulation du précédent scrutin.
Le gouvernement turc menace régulièrement de mettre fin à l'accord sur les migrants de mars dernier qui a ralenti le flot de réfugiés entrant en Europe. Ce vendredi 5 août, le chef de la diplomatie turque a qualifié Vienne de « capitale du racisme radical ».
« Le chancelier autrichien devrait d'abord observer son propre pays. L'une des tendances ennemies des droits de l'homme et des valeurs, c'est le racisme », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu dans une interview avec une chaîne de télévision turque. Son homologue autrichien, Sebastian Kurz, a immédiatement rejeté ces critiques et indiqué sur Twitter qu'Ankara « devait modérer son langage et ses actes et faire son travail ».