Union européenne: réunion des Vingt-Huit, un baptême du feu pour Boris Johnson

Le nouveau chef de la diplomatie britannique est à Bruxelles ce lundi 18 juillet pour la réunion mensuelle des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE. Les débuts de Boris Johnson s'annoncent compliqués. Sa nomination surprise à la tête du Foreign Office de Londres a suscité de nombreuses critiques, et les dossiers sur la table ne manquent pas, compte tenu du Brexit.

Le Royaume-Uni met depuis longtemps en avant son statut de nation insulaire « à part » au sein de l'UE. Cette fois, les 27 autres chefs de la diplomatie européenne ont décidé de respecter à la lettre cette revendication, puisqu'un dîner informel prévu à 28 dimanche soir a été annulé, rapporte notre correspondante à Londres Muriel Delcroix.

La réunion du jour doit aborder l'impact qu'aurait une sortie du Royaume-Uni sur la politique extérieure de l'Union, et sur sa capacité à mettre sur pied des opérations militaires. Mais plusieurs capitales s'y sont opposées, jugeant que cela revenait à entamer des « négociations informelles » avec Londres avant même que son gouvernement ait formellement notifié l'UE de sa volonté d'en sortir.

A la place, Boris Johnson a été reçu dimanche soir par la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini pour « un premier contact » lors d'un dîner privé. L'occasion pour l'ancien maire de Londres de tâter le terrain, alors que sa nomination aux Affaires étrangères a laissé nombre de ses homologues sceptiques.

Des réponses concrête attendues

A son arrivée à Bruxelles, Boris Johnson a eu beau affirmer que le Royaume-Uni n’abandonnerait pas son rôle moteur en Europe, le nouveau ministre des Affaires étrangères est attendu au tournant par tous ses homologues, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.

Jean-Marc Ayrault, par exemple, s’est abstenu de le traiter à nouveau de « menteur » mais il n’en attend pas moins des réponses nettes. « Je parlerais toujours avec Boris Johnson avec la plus grande sincérité et la plus grande franchise, je crois que c’est comme ça qu’on doit avancer. En ce qui concerne la France, avec un but d’éviter que l’Europe s’installe dans une situation d’incertitude et donc plus tôt les négociations auront commencé, mieux ça sera », a-t-il déclaré.

Une exigence partagée par l’essentiel des ministres des Affaires étrangères, comme le Belge Didier Reynders : « On va tenter d’avoir une réponse sur le moment qui sera choisi par les Britanniques pour déclencher l’article 50. On ne pourra commencer à négocier qu’à ce moment-là. »

Turquie et attentat de Nice, deux sujets sur la table à Bruxelles

Précédé d'une réputation de « bouffon », de « menteur », voire de « raciste », Boris Johnson va devoir très vite faire ses preuves. De leurs côtés, ses collègues européens vont écouter avec beaucoup d'intérêt ses vues sur les grands sujets internationaux comme la Syrie, la Libye, ou encore le processus de paix au Proche-Orient.

Outre ce baptême du feu pour le Britannique Boris Johnson, le rendez-vous européen de ce lundi se déroule dans un contexte particulier en raison de l’actualité, explique notre correspondante à Bruxelles, Laxmi Lota. Les ministres des Affaires étrangères commenceront par évoquer la Turquie, puisque l’Union compte toujours sur Ankara pour endiguer le flux de migrants.

L'Union a exprimé son soutien au gouvernement turc après la tentative de coup d'Etat dans le pays vendredi 15 juillet. Mais les dirigeants européens craignent une politique répressive du président Erdogan, ce qui pourrait remettre en cause l'accord conclu sur les migrants.

A noter enfin qu'à la demande de Paris, suite à l'attentat de Nice, les ministres aborderont aussi la lutte antiterroriste. Selon un rapport du coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, il existe encore trop de failles en matière d'échange de renseignements.

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