C’est un événement historique. Le grand concile orthodoxe, une réunion sans précédent depuis mille ans, censée sceller l'unité des Eglises chrétiennes orthodoxes du monde entier, s’est ouvert dimanche 19 juin en Grèce. Préparé depuis plus de cinquante ans, ce grand concile vise à resserrer les rangs orthodoxes. Car l’unité de l’Eglise orthodoxe n’a eu de cesse d’être mise à mal au fil des années.
D’abord, il y a eu l’éclatement nationaliste de l’orthodoxie au XIXe siècle, en raison des guerres d’indépendance et des révolutions nationales contre l'Empire ottoman. Ensuite, « le XXe siècle est la période noire de l’Eglise orthodoxe. L’orthodoxie est, avec le bouddhisme, la seule religion qui soit sortie du XXe siècle avec moins de territoires dans l'absolu, et moins de populations au prorata de l'essor démographique, qu’elle n’y était entrée », détaille Jean-François Colossimo, historien des religions.
« La tenue du Concile est une victoire »
Résultat de ce « terrible poids de l'histoire », selon l'expression de Jean-François Colossimo, la photo de famille du grand concile, censé sceller l'unité, est incomplète cette année. Grand absent : le patriarche Cyrille de Moscou. La Russie, dont est issue la moitié des 250 millions de fidèles du monde orthodoxe, a refusé de participer. Mais Jean-François Colossimo est optimiste. « La tenue du concile représente malgré tout une victoire » selon lui, même en l’absence de Moscou.
« La valeur d'un concile, c'est aussi sa réception dans la vie de l'Eglise, on l'a vu avec Vatican 2, et non pas le fait qu'absolument tout le monde soit présent », analyse l'historien, pour qui les Russes seront les premières victimes de leur propre absence. « La chaise vide du patriarcat de Moscou est une manière de signaler que ce patriarcat, aussi important soit-il, est désormais à l’arrière-garde d’un mouvement d’unité indispensable pour que l’orthodoxie puisse témoigner face au monde contemporain. » Et de conclure : « De ce point de vue-là, c’est une absence fautive. »