En Crète, un concile orthodoxe bien moins historique qu'annoncé

Les orthodoxes sont réunis en concile. Ce dimanche 19 juin s’ouvre en Crète le concile panorthodoxe qui réunit les primats et les évêques des églises orthodoxes du monde entier. Il y a 14 Eglises autocéphales (indépendantes) qui représentent 260 millions de fidèles. Depuis le schisme de 1054 qui a divisé le monde chrétien en deux grands ensembles d’Orient et d’Occident, les hiérarques orthodoxes ne s’étaient jamais réunis. L’évènement s’annonçait donc historique jusqu’à ce que l’Eglise russe, après celles d’Antioche, de Bulgarie et de Géorgie et de Serbie, n’annonce en début de semaine qu’elle ne viendrait pas.

Viendra, viendra pas : c’était un peu le suspense jusqu’à ce que le « niet » (« non ») ne tombe lundi dernier, quand l’Eglise russe a fait savoir qu’elle demandait également le report du concile. La défection du poids lourd de l’orthodoxie diminue la portée historique de ce concile.

Un concile convoqué par le patriarche oecuménique de Constantinople qui, au nom de la primauté d’honneur qu’il exerce sur le monde orthodoxe, entend rassembler celui-ci. Car l’histoire tragique du XXe siècle - la guerre, le communisme, les rivalités territoriales, le nationalisme - a divisé et abîmé la communion orthodoxe. Ce qui explique la préparation houleuse du concile, compliquée par le conflit que se livrent l’Ukraine et la Russie.

Et puis il y a la question du leadership au sein de l’orthodoxie avec une Eglise russe qui par son poids démographique et sa puissance retrouvée aimerait prendre l’avantage sur le vieux patriarcat de Constantinople, numériquement affaibli. Enfin, se joue en Crête aussi la confrontation de patriarcats à la modernité. Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a joué la carte de l’ouverture en rencontrant à Cuba le pape François. Avec son absence au concile, il a choisi de donner le change à la frange ultraconservatrice de son Eglise.

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