Viendra, viendra pas : c’était un peu le suspense jusqu’à ce que le « niet » (« non ») ne tombe lundi dernier, quand l’Eglise russe a fait savoir qu’elle demandait également le report du concile. La défection du poids lourd de l’orthodoxie diminue la portée historique de ce concile.
Un concile convoqué par le patriarche oecuménique de Constantinople qui, au nom de la primauté d’honneur qu’il exerce sur le monde orthodoxe, entend rassembler celui-ci. Car l’histoire tragique du XXe siècle - la guerre, le communisme, les rivalités territoriales, le nationalisme - a divisé et abîmé la communion orthodoxe. Ce qui explique la préparation houleuse du concile, compliquée par le conflit que se livrent l’Ukraine et la Russie.
Et puis il y a la question du leadership au sein de l’orthodoxie avec une Eglise russe qui par son poids démographique et sa puissance retrouvée aimerait prendre l’avantage sur le vieux patriarcat de Constantinople, numériquement affaibli. Enfin, se joue en Crête aussi la confrontation de patriarcats à la modernité. Le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a joué la carte de l’ouverture en rencontrant à Cuba le pape François. Avec son absence au concile, il a choisi de donner le change à la frange ultraconservatrice de son Eglise.