Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Un problème pour lequel toute solution crée d'autres problèmes. Telle est la situation des plus délicates dans laquelle se trouve le gouvernement allemand aujourd'hui.
Si Berlin autorise une procédure judiciaire contre l'humoriste Jan Böhmermann, à qui Ankara reproche des insultes contre le président Erdogan, Angela Merkel sera accusée de céder face à un partenaire dont elle dépend énormément dans la crise migratoire actuelle. Si Berlin refuse, la colère d'Ankara pourrait avoir des conséquences sur l'application de l'accord Europe-Turquie sur les réfugiés.
→ Post de blog : Allemagne-Turquie: satire et diplomatie font mauvais ménage
Berlin veut prendre une décision qui pourrait tomber cette semaine d'après les milieux gouvernementaux. En attendant, l'Allemagne s'efforce de montrer son respect intangible de la liberté d'expression alors que les soutiens à Jan Böhmermann dans le monde politique et culturel se développent.
Le porte-parole d'Angela Merkel a annoncé que la chancelière ne se rendra pas samedi en Turquie pour inaugurer à Kilis un centre de réfugiés destiné à accueillir les migrants transférés de Grèce, comme l'avait annoncé Ankara. Une visite jamais confirmée par Berlin et qui n'aura donc pas lieu. Une illustration peut-être des turbulences dans les relations bilatérales.
Hier, le porte-parole de la chancelière a aussi déclaré que son conseiller pour les affaires étrangères avait discuté par téléphone avec la femme d'un rédacteur en chef emprisonné en Turquie et rencontré des représentants de Reporters sans frontières. Là aussi, une information destinée à se démarquer d'Ankara.