Avec notre correspondant à Belgrade, Laurent Rouy
Beaucoup de Serbes ont été surpris par l'acquittement de Vojislav Seselj, aussi bien du côté de ses supporters que de ses opposants. L'intéressé a salué les juges qui l'ont acquitté : « Apres tant de procès de Serbes innocents accusés et lourdement condamnés, deux juges francs et honnêtes se sont manifestés, et ont rendu le seul verdict possible. »
Seselj affirme toujours que le TPIY est une institution anti-serbe. Le leader nationaliste, qui est actuellement en campagne aux législatives du 24 avril, estime par ailleurs que cette décision va lui apporter des voix.
Pour le journaliste pro-démocratie Dejan Anastasijevic, le jugement est au contraire scandaleux. Selon lui, les juges ont validé l'idéologie de la « grande Serbie ». Plus nuancé, le représentant de la Serbie au TPIY parle d'une surprise mais rappelle que la procédure n'est pas finie, puisque le procureur fera sans doute appel.
« Ils ne nous ratent jamais dans ce tribunal »
Parmi la population, c'est l'étonnement. L'acquittement semblait impossible pour beaucoup. Et peu se prononcent en revanche sur les crimes évoqués. « Je ne peux pas croire qu'un Serbe ait été libéré », témoigne une femme à Belgrade. « J'étais persuadé qu'il serait condamné, non pas parce qu'il est coupable ou pas, mais simplement par habitude. Ils ne nous ratent jamais dans ce tribunal », souligne un passant. Un autre renchérit : « Je pense qu'il n'a commis aucun crime. Oui, il a répandu la haine. Oui, il a dit ce qu'il a dit, mais concrètement ? »
Dans la région en revanche, c'est le tollé. Le Premier ministre croate a parlé d'un « jugement honteux », d'une défaite pour le tribunal de La Haye. En Bosnie, les associations de victimes sont également choquées. Le gouvernement serbe, lui ne s'est pas prononcé et prévoit d'organiser une conférence de presse ce vendredi.