Reportage à Srebrenica, pendant l'énoncé du verdict contre Radovan Karadzic

Le tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie a condamné Radovan Karadzic ce jeudi 24 mars après-midi à quarante ans de prison. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie a été reconnu coupable de génocide pour le massacre de 8 000 hommes musulmans à Srebrenica en juillet 1995. À Srebrenica, la population veut désormais tourner la page d'un passé toujours aussi difficile à porter.

Avec notre envoyé spécial à Srebrenica,  Simon Rico

Ce jeudi après-midi, les rues de Srebrenica étaient désertes pendant que le juge O Gon Kwon énonçait sa longue sentence contre l'ancien chef des Serbes de Bosnie. Dans les cafés du centre-ville, de rares clients ont bien assisté à sa retransmission en direct, mais à l'annonce du verdict, aucun n'a réagi. La reconnaissance du caractère génocidaire du massacre de Srebrenica était pourtant très attendue dans la ville martyre des guerres yougoslaves. Après plus de vingt ans de polémiques, les habitants de Srebrenica sont fatigués de devoir sans cesse ressasser le passé.

« Mais qui va vous dire quoi ce soit là-dessus à Srebrenica ? On a déjà dit tout ce qu'on avait à dire et en vrai, personne ne nous demande notre avis, s'insurgeBranimir, le patron du café-restaurant serbe « chez Bato ». L'Occident fait ce qu'il veut à Srebrenica, il donne de l'argent à qui il veut, il nomme même ceux qui nous dirigent. Nous sommes des moutons... Que vous dire d'autre ? »

Si c'est à Srebrenica que le nettoyage ethnique théorisé par Radovan Karadzic pendant la guerre de Bosnie a fait les pires ravages, beaucoup estiment ici que la lourde peine qu'a infligée la justice internationale à l'ancien chef des Serbes de Bosnie ne résoudra rien. Avant la guerre, Srebrenica était un centre industriel prospère de 35 000 habitants. Aujourd'hui, la ville compte à peine 7 000 âmes, dont plus de 45% de chômeur.

→ A (ré)écouter : Srebrenica se souvient dans la douleur

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