Au cœur d’une immense bâtisse située dans une ancienne zone industrielle chacun met la main à la pâte pour accueillir le pape, rapporte notre correspondante à Rome, Anne Le Nir. Jean-Michel Sombodé, médiateur culturel, s’occupe de la banderole qui sera offerte à François, tandis que des jeunes nettoient impeccablement le réfectoire, où les menus sont écrits en français, arabe, anglais, et ourdou.
Le climat est effervescent, les visages des quatre femmes et huit hommes de diverses religions, choisis pour le rite du lavement des pieds, sont radieux. Madika Tassira, 37 ans, Malien, explique ce qu’il ressent : « Depuis qu’on m’a annoncé que le pape me lavait les pieds, je vois l’image de Barack Obama et de sa femme quand ils sont venus ici au Vatican. Je dois dire que je me sens très, très grand aujourd’hui. Comme Barack Obama, je suis musulman. Pour nous, les migrants, le pape François est un pape pour les migrants et pour les gens qui ont des difficultés ».
Un sentiment partagé par toutes ces personnes, qui espèrent que la présence du pape dans ce lieu symbolique des périphéries de l’humanité, permettra de relancer l’attention de l’Europe sur le sort des réfugiés.
■ Ecoutez le reportage de notre correspondante à Castelnuovo di Porto, dans une ex-zone industrielle, à 35 km au nord de Rome
Le centre héberge actuellement 892 personnes dont 849 hommes, âgés pour la plupart de moins de 30 ans. Ces personnes sont originaires de 26 pays différents, dont la Syrie, mais le plus grand nombre provient de l'Érythrée ( 281) et du Mali ( 135) et du Nigeria (92). Parmi les 12 personnes choisies pour le rite du lavement des pieds, il y a une assistante sociale italienne catholique, quatre Nigérians catholiques, trois Érythréennes coptes, un Syrien, un Pakistanais et un Malien musulman.
En 2013 et 2015, François s'était rendu dans des prisons, et en 2014 dans un hôpital. Cette année, son choix s'inscrit en cohérence avec ses appels réitérés sur la situation dramatique des réfugiés et sur l'importance du dialogue interreligieux pour favoriser la cohésion sociale.