Avec notre correspondante à Bruxelles, Joana Hostein
La réunion de crise avait un double objectif : d’abord se montrer solidaire du gouvernement belge durement éprouvé par le double attentat du mardi 22 mars, mais aussi faire taire les mauvaises langues qui dénoncent « la naïveté et l’angélisme » des autorités belges sur la gestion de la menace jihadiste sur leur territoire.
« Il y a eu des attentats dans le Thalys, il y a eu des attentats au Danemark, il y a eu des attentats déjoués au Royaume-Uni, plusieurs, est-ce qu’on conclut que les Français sont incompétents parce qu’il y a eu deux attentats en France, est-ce qu’on dit ça au Danemark ? Non ! », s'insurge Gilles de Kerchove, coordonnateur antiterroriste européen.
« C’est un phénomène qui n’est pas simplement belge, ajoute-t-il. On est confronté à des gens qui sont prêts à se suicider. Ce n’est pas simple à identifier. La Belgique est très mobilisée et prend toutes les mesures possibles pour essayer non seulement de conduire les enquêtes au mieux, mais aussi d’éviter d’autres attentats. »
L’autre objectif de la réunion de crise était d’accélérer la mise en œuvre de décisions maintes fois discutées depuis la fusillade à Charlie Hebdo : renforcement des contrôles aux frontières extérieures, création d’un registre européen des passagers aériens, lutte contre le trafic d’armes et les faux documents d’identité très utilisés par les réseaux djihadistes. Il est temps de passer à la vitesse supérieure, ne pas attendre un nouvel attentat pour que l’Europe agisse, insistent en chœur les Vingt-Huit. Mais au-delà des mots, cette rencontre s’est terminée, une fois de plus, sans l’annonce de mesure concrète.