Réfugiés en Europe: la Turquie doit se prononcer sur le projet d'accord des 28

A Bruxelles, les tractations reprennent ce vendredi 18 mars après une journée de travail qui s'est prolongée tard hier soir, pour espérer aboutir à un accord avec sur la question des migrants. Le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu, qui est arrivé dans la nuit, doit travailler avec ses homologues européens sur le projet d'accord qui lui a été soumis. Les discussions se tiennent à huis clos.

avec notre envoyée spéciale à Bruxelles, Juliette Gheerbrant, et notre bureau de Bruxelles

Les discussions ont été vives et ont duré jusqu'à minuit passé, mais les 28 se sont mis d'accord sur le texte qui sera présenté au Premier ministre turc, Ahmed Davutoglu. La Turquie pourrait voir une de ses demandes satisfaites, celle qui concerne les visas. Les Européens accepteront de lever les visas de court séjour pour les ressortissants turcs se rendant en Europe, et ce dès le mois de juin, si la Turquie répond aux 72 critères exigés.

Pas de marchandage mais « des questions humanitaires »

Interrogé ce vendredi matin, Ahmet Davutoglu a insisté sur l'aspect humanitaire de ce dossier. « Ici à Bruxelles, comme au cours des sommets précédents, nous travaillons sur des questions humanitaires. Pour nous, le dossier des réfugiés ce n'est pas une question de marchandage, c'est une question de valeurs, valeurs humanitaires et valeurs européennes » a déclaré le chef du gouvernement turc qui a rappelé que la Turquie a accueilli 2 millions 700 000 réfugiés, « sans recevoir d'aide significative de quiconque ». Et la Turquie poursuivra cette politique humanitaire, assure-t-il : « aujourd'hui nous continuons nos discussions avec les dirigeants européens. Je suis sûr, j'espère que nous allons atteindre notre but : aider tous les réfugiés, et approfondir les relations entre la Turquie et l'Union européenne, une bonne nouvelle pour notre continent et pour toute l'humanité ».

De son côté le président Erdogan, s'en est pris ce vendredi matin vertement aux Européens, incapables d’accueillir quelque milliers de réfugiés et qui soutiennent des organisations terroristes. Une allusion à ceux qui ici se préoccupent des pertes civiles au Kurdistan, là où l’armée turque lutte contre des groupes séparatistes. Car de nombreuses voix en Europe, mais aussi à Washington, dénoncent ces derniers jours la dérive autoritaire du président Recep Tayyip Erdogan et les atteintes répétées à la liberté de la presse.

Ballet diplomatique

Rien n'a filtré en revanche concernant l'ouverture de nouveaux chapitres d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne d'autant que les discussions se tiennent à huis clos.

Le président Hollande qui s'est exprimé à l'issue du dîner jeudi soir est resté discret sur ce point. « Je pense qu'on est en bonne voie mais on n'est pas encore arrivés » a déclaré le président français. Cet accord n'est qu'un premier pas. Vendredi matin, le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu doit l'examiner avec le président du conseil, Donald Tusk. La Turquie ne devrait pas poser de nouvelles exigences mais il faut qu'elle accepte ce nouveau texte, et ensuite, ce sera à nouveau aux 28 de se réunir de nouveau pour donner un avis final.

Ce n'est donc pas gagné d'autant que pour que l'accord qui vise à dissuader les réfugiés de venir en Grèce fonctionne, il faut qu'il soit rapidement opérationnel et que les relocalisations prennent effet.

Résoudre les conflits dans les pays de départ

Mais le président français a tenu à souligner une chose importante: qu'il y ait ou non un accord, il faudra résoudre la situation en Syrie, et metttre en place une transition politique. « Même s'il y avait cet accord, qui est à mes yeux souhaitable, même si cet accord était bien mis en oeuvre, ce qui suppose beaucoup de moyens du côté européen,... si on ne règle pas la source des difficultés, c'est à dire l'origine même des mouvements de populations, des réfugiés, en Syrie ; si on n'a pas la négociation sur l'avenir de la Syrie... qui permet d'avoir enfin la transition politique, on aura toujours des mouvements de population » a rappelé le président Hollande. Tant que la guerre continue dans les pays d'origine des réfugiés, il y aura des mouvement de population.

 

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