Avec notre correspondant à Belgrade, Laurent Rouy
Le retour des conditions d’entrée de la zone Schengen à la frontière slovène signifie que toute personne, et donc les réfugiés aussi, ne pourront entrer dans le pays qu’avec des documents en ordre, à savoir passeport et visa en règle.
Le visa Schengen étant un document très difficile à obtenir et alors même que beaucoup de réfugiés n’ont pas de passeport, cela signifie pratiquement que les migrants se voient refuser l’entrée en Slovénie.
Même si la Croatie ne fait pas partie de la zone Schengen, et la Serbie de l’Union européenne, ces deux pays ont mis en place ces restrictions. La Macédoine, elle, ne laissait quasiment plus passer de migrants depuis cinq jours.
La position officielle des pays de la route des Balkans est donc claire : la route est fermée. Cette fermeture s’est mise en place à l’initiative de l’Autriche qui était très active dans les Balkans en février, le ministre des Affaires étrangères avait enchaîné des visites dans la région. Cette fermeture se dessinait depuis quelques jours, avec le blocage d’un groupe de 400 Syriens dans le no man’s land entre la Serbie et la Macédoine. Ces réfugiés ont déjà passé trois nuits dans cette zone étroite, seulement ravitaillée par les organisations humanitaires et sans aucune installation qui puissent leur permettre de rester.
Quelles conséquences sur le terrain à cette fermeture ?
Il y a actuellement entre 15 et 20 000 réfugiés tout au long de la route, sans compter les dizaines de milliers de personnes présentes dans les îles grecques en face de la Turquie. Ces personnes veulent se rendre en Europe, elles fuient la guerre et les difficultés dans leur pays, et on va donc assister à la réapparition des réseaux mafieux de trafic de migrants.
Déjà les passeurs avaient fait leur réapparition depuis janvier en Macédoine, et avec eux les exhortions, les violences, et même des cas d’enlèvement. Il est évident que les réfugiés veulent se rendre en Europe de l’Ouest. Et ce ne sont ni les passeurs, ni les murs de barbelés qui apparaissent un peu partout dans les frontières avec les Balkans qui vont les en empêcher. Les nouvelles conditions vont leur compliquer la tâche, mais le flux ne va pas se tarir du jour au lendemain.
■ La Hongrie se mobilise pour ne pas être débordée par un afflux de migrants
Les chiffres sont éloquents : 14 000 personnes sont bloquées à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, 1 500 à 2 000 le sont à la frontière entre la Serbie et la Slovénie.
La Hongrie avait détourné le flux de migrants vers la Slovénie en clôturant sa frontière en octobre dernier. Mais aujourd’hui, elle craint de devenir à nouveau une route pour ceux qui tentent de rejoindre l’Allemagne.
En réponse, le gouvernement mobilise l’armée et la police pour garder sa frontière déjà équipée de barbelés côté serbe et croate. Des travaux de terrassement ont été entrepris depuis plusieurs semaines à la frontière avec la Roumanie pour ériger une nouvelle clôture si nécessaire.
Perquisitionner les maisons sans mandat
L'état d’urgence lié à la « crise migratoire » a été élargi au niveau national. L’objectif : permettre aux forces de l'ordre de perquisitionner les maisons sans mandat.
La Hongrie qui a déjà adopté des mesures très dures vis-à-vis des migrants envisage de réduire les aides sociales pour les réfugiés. D'après l'ONG de défense des droits de l'homme, Comité Helsinki, la nouvelle réglementation en préparation ne permettrait aux migrants de rester qu'un seul mois en Hongrie avec des conditions proches de celles des prisonniers, sans aucune possibilité d'intégration.