Avec notre bureau à Bruxelles
La Commission européenne mobilisera environ 700 millions d'euros jusqu'à la fin de la période budgétaire septennale en cours, c'est-à-dire, sur l'année actuelle, et sur les deux suivantes.
Près de la moitié de cette somme serait disponible immédiatement. Cette décision, correspond à peu près à la fois à l'urgence et au souhait de la partie grecque.
L'UE au chevet de la Grèce...
En effet, la Grèce semble ne plus pouvoir gérer la masse de réfugiés arrivés sur son sol. Le camp d'Idomeni, à la frontière avec la Macédoine, illustre bien les besoins du pays. Dimensionné pour 1600 personnes, il en accueille près de 10 000. Les problèmes s'accumulent et malgré l’intervention de nombreuse ONG et de bénévoles, la situation tourne au chaos.
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Il faut mettre en place des infrastructures et du personnel pour abriter et nourrir les migrants. Selon les Nations unies, ils sont actuellement 24 000 en Grèce et ce pays s’apprête à en accueillir 100 000. La Grèce a donc soumis un plan d’urgence à la Commission européenne estimant ses besoins financiers à 480 millions d’euros. La Commission, pour éviter une crise humanitaire après la fermeture de la frontière avec la Macédoine, proposer d'allouer une partie de l'aide humanitaire de l'Union européenne, jusqu'ici réservée aux pays tiers. Une aide qui s'est élevée à plus d’un milliard d’euros aux pays européens débordés par l’afflux de migrants dont la Grèce.
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... aux dépens des pays extérieurs à l'Union
Mais elle suscite cependant interrogation et polémiques. D'abord, ces fonds étaient jusqu'ici mis en réserve pour d'éventuelles actions humanitaires, dans des pays extérieurs à l'Union. Le commissaire européen à l'action humanitaire, le Chypriote Christos Stylianides, a beau faire valoir que les sommes ne sont pas prélevées sur des projets en cours, il n'en demeure pas moins que le fait d'en faire bénéficier la Grèce et d'autres pays de première ligne face à la vague de migrants s'accomplit au risque de ne pouvoir répondre, le cas échéant, par exemple à un déplacement de populations fuyant la guerre civile en Afrique, ni à des inondations dans le golfe du Bengale.
Athènes veut gérer elle-même
D'autre part, se pose la question de l'utilisation de ces fonds. Traditionnellement, l'UE agit dans le domaine humanitaire à travers des ONG. Or, ici, Athènes paraît vouloir prendre en main directement la gestion de la construction de locaux destinés à l'hébergement de migrants.
Et le ministre adjoint à l'Immigration grec tente de faire passer un message. Celui de la nécessité d'accueillir mieux et à plus long terme les réfugiés. A la sortie d'une réunion avec différents ministères et les collectivités locales, Giannis Mouzalas a déclaré qu'il fallait considérer la frontière à Idomeni comme fermée. Ces deux dernières semaines, le passage des réfugiés se fait au compte-goutte.