Avec nos correspondants à Bruxelles Athènes, Pierre Benazet et Charlotte Stievenard
La décision des pays de la route des Balkans de mener ensemble leur propre politique de filtrage sans en référer à leurs partenaires de l’UE n’est en fin de compte que la décision aux effets les plus tangibles parmi toutes les décisions prises par les pays européens qui tirent à hue et à dia.
Il n’y a pour l’instant que deux axes principaux dans l’action européenne face à la crise des migrants : la sécurisation des frontières et la relocalisation des demandeurs d’asile. Or cette perspective de relocalisation est d’une part contestée en particulier en Europe centrale et d’autre part inefficace puisque seuls 600 réfugiés ont pu être réinstallés alors que l’UE veut en relocaliser 160 000 et que cette volonté a été émise dès le printemps dernier.
Dans ce contexte, l’espace Schengen est en train de se mettre en panne avec la décision des pays de la route des Balkans, qui de facto rétablit une frontière avec la Grèce. Mais les cris d’alarme de l’UE n’ont aucun effet car on explique d’un côté que mettre en place des filtrages et des quotas est illégal et de l’autre côté que les réfugiés doivent rester dans leur pays d’arrivée.
Dans ce contexte, la seule politique qui semble fonctionner est la sécurisation des frontières. Et encore, ce sera l’Otan qui aura en fin de compte le plus d’impact, avec ses patrouilles maritimes en mer Égée.
Qu'en est-il de l'accord UE-Turquie de novembre 2015 ?
Entre 70 000 et 80 000 réfugiés sont attendus sur le sol grec le mois prochain adéclaré Giannis Mouzalas, le ministre adjoint à l'Immigration mais le gouvernement grec espère un ralentissement des arrivées.
Pour Giannis Mouzalas, le message doit être envoyé vers les migrants qui attendent en Turquie. Il espère que quand ils seront conscients de la situation en Grèce, ils seront moins nombreux à tenter la traversée.
Le ministre grec adjoint à l'Immigration a déclaré préparer « une campagne d'information ». Pour lui, si on y ajoute le déploiement prévu des navires de l'Otan en mer Egée, il pourrait y avoir 70 % d'arrivées en moins. Le commissaire européen à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos, a averti quant à lui qu'une crise humanitaire est imminente en Grèce, à moins que « toutes les parties assument leurs responsabilités », Bruxelles comme Athènes. C'est ce que Dimitris Avramopoulos a déclaré au journal conservateur I Kathimerini.
Il a appelé à mettre en place l'accord de novembre entre l'UE et Ankara pour réduire le flot de migrants. Et il a demandé aux pays européens d'accepter plus de demandeurs d'asile par le système de relocalisation. Selon un sondage publié dimanche dans le journal To Vima, 92 % des Grecs jugent insuffisant le soutien de l'Union européenne à la Grèce et 60 % souhaitent que leur pays reste dans l'espace de libre circulation Schengen.