C’était une partie à quitte ou double. Ou bien le nationaliste de centre-droit Artur Mas était le candidat, et alors la coalition séparatiste ne pouvait former un gouvernement et prenait le risque de perdre les prochaines élections ; ou bien le même Artur Mas se sacrifiait, au profit d’une personnalité plus acceptable pour tous. C’est cela qui s’est finalement produit.
L’heureux élu, Carles Puigdemont, est davantage rassembleur, analyse notre correspondant à Madrid, François Musseau. Il constitue une solution acceptable pour les anticapitalistes de la formation CUP, à l’origine du blocage.
Des lunettes rectangulaires pour le côté studieux, un petit sourire timide en coin qui inspire la confiance, Carles Puigdemont tranche avec l’apparence rigoriste et austère d’Artur Mas. Mais cette allure de premier de la classe ne doit pas tromper. Etudiant en philologie, puis journaliste, l’homme reste surtout un animal politique qui monte.
Et pour gagner la confiance de tous les indépendantistes, il peut compter sur plusieurs faits d’armes. D’abord, son militantisme actif chez les jeunes du parti Convergence démocratique de Catalogne (CDC). A l’époque, il ancre le parti localement et durablement dans la communauté autonome. Mais surtout, il remporte la mairie de Gérone en 2011. Une victoire symbolique : cela faisait 32 ans que la ville catalane était aux mains des socialistes.
Ces atouts lui seront d’une grande aide pour l’investiture de ce dimanche. S’il l’emporte, Carles Puigdemont aura la lourde tâche d’organiser un référendum sur l’indépendance qui pourrait mener à terme à la sécession. Pour les antinationalistes catalans, et pour tout le reste de l’Espagne, le cauchemar de l’indépendantisme catalan se poursuit et se précise.