Avec notre correspondant à Rome, Antoine-Marie Izoard
Un Dieu barbu au regard noir, armé d'une kalachnikov et taché de sang, c'est la Une du dernier Charlie Hebdo. Ce Dieu assassin qui a les traits du Dieu des chrétiens et d'ailleurs peu à voir avec le prophète Mahomet, n'a pas manqué de faire réagir le quotidien du Vatican qui a jugé que derrière l'étendard trompeur d'une laïcité sans compromis, l'hebdomadaire français oublie encore une fois ce que tant de dirigeants religieux de toutes appartenances ne cessent de répéter : utiliser Dieu pour justifier la haine est un véritable blasphème.
Pour l'Osservatore Romano, il y a dans le choix de Charlie Hebdo le triste paradoxe d'un monde de plus en plus attentif au politiquement correct au point de frôler le ridicule, mais qui ne veut ni reconnaître ni respecter la foi en Dieu de tout croyant, quelle que soit sa religion.
Le pape François, lui, ne dira rien. Mais on se souvient qu'il y a un an, interpellé sur les attentats contre Charlie Hebdo, il avait placé la liberté d'expression au même rang que la liberté religieuse. Il en avait néanmoins fixé les limites, comme l'offense et l'insulte, et mis en garde contre les réactions éventuelles : si quelqu'un dit un gros mot sur ma mère, avait alors expliqué le pape François en joignant les gestes à la parole, il doit s'attendre à recevoir un coup de poing.