Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Comment mettre en place un gouvernement stable, alors que la Chambre des députés est devenue une mosaïque de partis, souvent très antagoniques ? C’est le casse-tête auquel sont confrontés les dirigeants des principales formations.
A commencer par le chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy. Il a beau avoir gagné le scrutin, son parti est à 63 sièges de la majorité absolue, et rares sont les formations qui sont disposées à s’allier à celui qui est associé à la corruption et l’austérité. « L'Espagne ne peut pas se permettre de vivre une période d'incertitude politique qui mette par terre tous ses progrès », a argumenté le Premier ministre sortant.
Aucune alliance n'est possible
Même une alliance avec les centristes de Ciudadanos, un nouveau venu qui aurait pu être le seul grand allié du PP, ne serait pas suffisante. Les députés de Ciudadanos s'abstiendront donc. Son chef Albert Rivera a cependant souhaité que la « législature démarre » et s'est dit disposé à laisser Mariano Rajoy gouverner en minorité. « Les Espagnols exigent de nous un sens des responsabilités », a-t-il ajouté.
Un grand front de gauche serait possible autour des socialistes et de Podemos mais il faudrait l’appui des séparatistes catalans, ce qui créé des dissensions internes. Les partis de gauche se sont d'ores et déjà déclarés défavorables à un nouveau gouvernement de droite. « Le PSOE va voter non au Parti populaire et à Rajoy », a déclaré Cesar Luena, numéro deux du PSOE. « Podemos ne permettra d'aucune manière un gouvernement du PP », a renchéri Pablo Iglesias, le leader du mouvement.
Un pays ingouvernable
« Vu ce qui a été dit pour la campagne, je vois mal comment un accord pourrait être perçu par une bonne partie de la société. Il y a une sorte de trahison par rapport au renouvellement souhaité par beaucoup », estime Bernard Vincent, spécialiste de politique espagnole.
« Je ne suis pas sur si cela est bon ou mauvais pour la démocratie, mais ce qu’on voit en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg, c’est que les coalitions ne font pas toujours mal », a estimé pour sa part le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn.
En réalité, beaucoup parlent d’une impasse, d’un pays ingouvernable, et donc de la nécessité de convoquer de nouvelles élections d’ici le printemps.