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Selon des résultats quasi définitifs, le Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy obtient 123 députés sur 350 au Parlement espagnol, soit 63 sièges de moins qu'en 2011. Il perd donc la majorité absolue. Les conservateurs sont suivis par le Parti socialiste (PSOE), qui ne fait élire que 90 députés, le pire résultat de son histoire.
Percée de Podemos
Le parti de gauche radicale Podemos de Pablo Iglesias, né il y a à peine un an, qui avec ses alliés totalise de son côté 69 députés, arrive en troisième position. Un sondage sortie des urnes réalisé par la télévision publique espagnole le plaçait même en deuxième position devant le Parti socialiste.
« Une nouvelle Espagne est née qui met fin au système de l'alternance » entre le PP et le PSOE, s'est félicité Pablo Iglesias, le chef du parti.
Former un gouvernement
Le parti libéral Ciudadanos obtient quant à lui 40 sièges.
Des résultats tellement serrés que Mariano Rajoy n'est pas sûr de pouvoir former un gouvernement, même en formant des alliances. Car même avec le soutien des 40 députés de Ciudadanos, le PP ne parvient pas à la majorité absolue. Dimanche, en fin de soirée, il a annoncé qu'il allait tenter de le faire. Les tractations s'annoncent donc difficiles.
En effet, nous dit notre correspondant à Madrid, François Musseau, les jeunes formations Ciudadanos et Podemos, qui ont fait irruption dans le paysage politique à l'occasion de ce scrutin, n’ont, à l'heure actuelle, ni l’intention ou l’envie de soutenir les deux partis historiques qui à leurs yeux symbolisent la corruption et l’austérité. Du coup, il est fort possible qu’aucune majorité ne se dégage ; certains parlent même déjà d’organiser de nouvelles élections dans les mois à venir.
Les Espagnols entre espoir et inquiétude
A la Puerta del Sol, où les indignés campaient il y a cinq ans, entre les clowns, les pères Noël et les petits vendeurs, les passants sont peu nombreux à vouloir commenter les résultats d’élections.
« Je n’aime pas ce qui se passe, mais il faut respecter les résultats avec l’émergence de ces nouveaux partis. Ciudadanos et Podemos vont de l’avant, ils vont mettre fin au bipartisme. Mais on ne sait pas s’ils vont être plus présents politiquement », commente un homme.
« Tout va bien, peut être qu’il y aura un changement, peut être qu’il y aura une coalition de gauche. Si on additionne les scores des différents partis, c’est la gauche qui fait le meilleur score », note un passant.
Le succès des nouveaux partis va contraindre les grands partis à faire des alliances. Pour cet homme d’affaires italien qui vit à Madrid, les Espagnols vont se faire à ce nouveau scénario à l’italienne. « Je pense que c’est une situation intéressante pour l’Espagne et pour l’Europe. Je crois beaucoup en ces nouveaux partis qui ont du succès parce qu’ils sont dirigés par des gens normaux, analyse-t-il. C’est une dynamique très intéressante et les Espagnols peuvent rebondir avec une vague comme celle-là. »
Les deux jeunes mouvements Podemos et Ciudadanos ont émergé dans un pays traumatisé par cinq ans de crise, qui a touché non seulement l'économie, mais aussi les institutions, ternies par la corruption. Aujourd'hui, malgré la reprise économique amorcé fin 2013, un actif sur cinq est au chômage en Espagne. C'est dans ce contexte que 36 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour renouveler le Parlement