Avec notre envoyé spécial à Diyarbakir, Nicolas Falez
Ils ne sont que quelques centaines massés devant la tribune, agitant le drapeau turc ou des fanions ornés d'une ampoule électrique, l'emblème de l'AKP, le parti au pouvoir depuis 13 ans en Turquie.
Après une chanson à sa gloire, le Premier ministre prend la parole pour un discours parcouru de références religieuses, dans lequel il fustige notamment la rébellion kurde du PKK. Ahmet Davutoglu demande à ses supporters de scander comme lui « Turcs, Kurdes sont des frères ! Les séparatistes sont des traitres ! » Puis il exhorte les électeurs à voter dimanche pour que son parti l'AKP retrouve la majorité absolue qu'il a perdu lors des législatives de juin dernier.
En ce 29 octobre, jour de fête nationale turque, le Premier ministre est en campagne à Diyarbakir. Tout en symbole. Ce meeting en est la preuve : dans cette province kurde, largement autonomiste, on trouve des électeurs de l'AKP. « Je suis venu pour mon Premier ministre ! nous dit ce vieil homme à la moustache blanche qui porte le costume traditionnel kurde avec son pantalon bouffant. Je suis heureux qu'il soit là. L'AKP est un bon parti et nous l'aimons. »
Kurde lui aussi, cet autre partisan de l'AKP raconte les violences de ces dernières semaines dans la région, en disant tout le mal qu'il pense de la rébellion kurde. « Je vis dans le centre de Diyarbakir, où des traîtres sont venus endommager nos maisons. Il n'y avait aucune sécurité. Mes enfants étaient réveillés par les bruits des explosions, mais grâce à la police qui est venue nous libérer maintenant nous sommes en paix dans notre quartier. »
Un peu plus loin des gamins kurdes ont ramassé des drapeaux de l'AKP, mais ils nous précisent dans un sourire qu'ils ont l'intention de les brûler.