« Je suis allé en prison ! J'ai payé ma dette », a souligné Roman Polanski durant la conférence de presse qu'il a accordée après la décision du juge de ne pas l'extrader aux Etats-Unis. Le réalisateur n'était pas présent au tribunal, mais il a vécu le verdict à la télévision, avec soulagement, rapporte notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart. « Je suis content d'avoir fait confiance à la justice polonaise. J'ai toujours été convaincu que tout se terminerait bien. Je n'en avais pas le moindre doute », a-t-il déclaré.
« Un mythe a fait de moi une sorte de monstre »
Selon le tribunal polonais, des juges et des procureurs américains ont « gravement violé les règles d'un procès équitable » lors de l'affaire Polanski aux Etats-Unis. L'intéressé confirme que l'acharnement dont il a été victime était dû à sa célébrité. « Il y a eu un effet boule de neige. Clic après clic sur Internet, un mythe me concernant a pris de plus en plus d'épaisseur et a fait de moi une sorte de monstre », a affirmé le réalisateur.
Après la Suisse, la Pologne est le deuxième pays qui refuse l'extradition de Roman Polanski. A cause de cette affaire, le réalisateur a notamment dû repousser le tournage de son nouveau film sur l'affaire Dreyfus. « Cette affaire m'a coûté beaucoup d'énergie, beaucoup de santé, beaucoup de soucis, et encore plus à ma famille », a confié Roman Polanski. S'il peut respirer, Roman Polanski n'est pas encore sorti d'affaire. Le parquet polonais peut faire appel de la décision.
Coupable de « rapports sexuels illégaux »
L’affaire remonte à 1977. En Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, est poursuivi pour avoir violé Samantha Geimer, 13 ans. Le cinéaste plaide coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure. Après 42 jours en prison et libéré au terme d’un accord avec la justice américaine, il s’enfuit avant l’annonce du verdict, par crainte d’être lourdement condamné.
En 2009, il est arrêté à Zurich, en Suisse sur mandat d’arrêt des Etats-Unis. Placé en résidence surveillée, il en sort l’année suivante après que les autorités suisses décident de ne pas l’extrader. En 2014, les Etats-Unis demandent son arrestation à la Pologne après une apparition à Varsovie du réalisateur, qui vit à Paris. La ligne de défense de ses avocats polonais consistait à démontrer que la demande d'extradition n'était pas fondée, compte tenu de l'accord passé à l'époque entre le réalisateur et la justice américaine.