Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Le 20 octobre 2014, 350 personnes s’étaient rassemblées dans les rues de Dresde. Un mois après, elles étaient 10 000, avant un record en janvier avec 25 000 participants. Après une scission et une photo peu flatteuse du fondateur Lutz Bachmann en Hitler, Pegida (mouvement anti-islam allemand) avait perdu en importance, alors que des mouvements similaires dans d’autres villes allemandes n’ont jamais pris.
Craintes d'une radicalisation violente
Un an après sa création, le mouvement s’est radicalisé et exploite ce qu’il appelle le déluge de réfugiés pour séduire à nouveau. Ce lundi, Pegida espère rassembler 15 000 personnes au pied du prestigieux opéra Semper de Dresde. Ils étaient près de 9 000 à Dresde lundi dernier. Pour le politologue Timo Lochocki, « les manifestants ont le sentiment que le pays est bradé et que la classe politique ne les écoute pas, qu’ils n’ont aucune influence sur le cours des choses. Leur colère se dirige contre les réfugiés et les responsables qui ne les protègeraient pas. On peut sans doute regagner la confiance de certains qui respectent encore les institutions et l’Etat de droit. Mais cela ne vaut plus, pour une minorité grandissante. »
Contre-manifestations
Pour cette date symbolique, les adversaires de Pegida veulent aussi mobiliser plus qu’à l’ordinaire. Pendant un temps, ils avaient renoncé à toute contre-manifestation. Mais quatre défilés baptisés « Le cœur au lieu de la haine » vont finalement converger eux aussi vers le centre-ville. Comme pour Pegida, ils attendent des participants de la région, mais aussi de l’ensemble de l’Allemagne.
La police sera présente massivement sur place pour éviter des heurts entre les uns et les autres. La radicalisation de Pegida, qui exploite l’arrivée de nombreux réfugiés, s’est traduite par des violences ces dernières semaines, notamment contre les journalistes. La semaine dernière, une potence avait été préparée par un manifestant pour Angela Merkel et le vice-chancelier Sigmar Gabriel.
Samedi, Angela Merkel a prévenu : les citoyens ne devraient pas suivre ceux qui descendent dans la rue, remplis de haine envers les autres. Dimanche soir, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a qualifié Pegida « d’extrémiste de droite » estimant que la haine colportée par le mouvement préparait le terrain pour des violences xénophobes en hausse sensible. Les commentateurs craignent eux une radicalisation violente après l’attentat samedi contre une responsable politique à Cologne. Malgré les critiques, l'Allemagne reste la principale destination des réfugiés de Syrie, Irak et Afghanistan qui continuent à arriver par milliers dans l'Union européenne.