Ukraine: les Tatars de Crimée débutent un blocus économique

En Ukraine, des militants tatars ont lancé dimanche un blocus citoyen des routes d'accès à la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en mai 2014. Les Tatars dénoncent les persécutions des autorités russes et cherchent à attirer l'attention sur une situation gelée. Ils entendent imposer un blocus jusqu'à obtenir justice.

Avec notre correspondant à Kiev,  Sébastien Gobert

Il n'aura fallu que quelques voitures et des blocs de béton pour couper toute circulation sur les trois routes qui mènent de l'Ukraine à la péninsule de Crimée. Les Tatars de Crimée, aidés par des bataillons de volontaires pro-ukrainiens, comme ceux du mouvement d'extrême droite Praviy Sektor, avaient annoncé leur action quelques jours auparavant et ils sont venus bien préparés avec des tentes, du matériel de cuisine et des toilettes mobiles.

Refat Tchoubarov, le chef du Mejlis, le Conseil représentatif des Tatars de Crimée, entend rester jusqu'à ce qu'il obtienne la libération de tous les citoyens ukrainiens vivant dans les territoires occupés, en particulier les Tatars de Crimée. Ceux-ci seraient discriminés, persécutés et poussés à l'exil.

Impact économique

A travers ce blocus, il s'agit aussi de protester contre les entreprises ukrainiennes qui réalisent des profits substantiels en approvisionnant la Crimée occupée. Les critiques fusent néanmoins sur l'impact contre-productif que peut avoir un tel blocus. La police n'est pas intervenue pendant cette action, malgré le mécontentement de nombreux chauffeurs immobilisés. A Kiev, le président Petro Porochenko garde le silence pour le moment. De sa réaction dépendra la continuation, ou non, de ce blocus citoyen.

La plupart des 300 000 Tatars de Crimée se sont fermement opposés à l'annexion de la péninsule opérée par la Russie en mars 2014 après l'occupation de ce territoire par les forces spéciales russes suivie d'un référendum de rattachement. Cette annexion a été suivie par des répressions sur les Tatars de Crimée dont des militants ont été détenus ou assassinés et des leaders interdits d'entrée dans ce territoire par les autorités russes. Entre 10 000 et 20 000 Tatars de Crimée ont fui la péninsule après l'annexion.

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