Grèce: Schulz s'étonne de l'alliance entre Syriza et l'extrême droite

Sans vouloir donner l’impression d’être inquiets, les dirigeants européens avaient dimanche 20 septembre les yeux rivés vers la Grèce. L’élection d’Alexis Tsipras et la formation d’un nouveau gouvernement ne plongent pas l’Europe en terrain inconnu, mais au vu des réactions, certains sont encore relativement dubitatifs, à l’image du président du Parlement européen Martin Schulz, qui trouve « bizarre » la coalition qui se met en place. 

De notre correspondant à BruxellesPierre Bénazet

Martin Schulz n’a pas caché ses doutes sur la reconduction de la coalition entre Syriza et le parti Grecs indépendants de Panos Kammenos, dont l’hostilité à l’Union européenne n’a pas facilité les négociations avec le premier gouvernement de Tsipras. Le président du Parlement européen semble donc s’attendre à de nouvelles difficultés dans les relations entre l’UE et le gouvernement grec, d’autant que Syriza a clairement affiché son intention de remettre sur le tapis la difficile question du rééchelonnement de la dette hellénique.

Interrogé sur France Inter, le social-démocrate allemand a fait part de sa perplexité : « C’est un Premier ministre réélu maintenant, et c’est normal que le président du Parlement européen le félicite. Mais je l’ai appelé pendant la soirée une deuxième fois pour lui poser la question : pourquoi maintient-il la coalition avec ce parti étrange, ANEL, parti de l’extrême-droite ? » « Je trouve ça bizarre pour un Premier ministre de gauche qui est réélu », « il y avait d'autres options », dit-il. « C’est une coalition incomparable. En France, c’est peut-être l’aile droite des Républicains et de l’autre côté, Mélenchon. Une telle coalition en France est impensable. En Grèce, c’est le gouvernement. »

Les autres réactions européennes notables, pour l’instant, se veulent résolument optimistes, à l’instar du président de l’Eurogoupe, Jeroen Dijsselbloem. Il a été l’un des premiers à féliciter Alexis Tsipras pour sa victoire et s’est dit prêt à travailler de concert en vue de réformes ambitieuses. C’est bien là d’ailleurs que se situe le cœur des préoccupations des Européens, à savoir la mise en œuvre des engagements pris le 13 juillet par la Grèce pour des réformes en profondeur dans le cadre du troisième plan d’aide.

Le son de cloche est d’ailleurs le même à la Commission européenne. Elle estime qu’il n’y a pas de temps à perdre pour l’application des réformes et se dit rassurée à la fois par le fait que le nouveau gouvernement est en fait le même que celui qui a signé l’accord du 13 juillet et par le fait que selon elle, les députés pro-européens seront plus nombreux qu’après les dernières élections.

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