Crise des migrants: un Slovène fait des navettes jusqu’à la frontière

Nombreux sont les Européens qui refusent de rester les bras croisés face à la crise des migrants. En Slovénie, Mickael Shwagen, un Slovène de 41 ans, fait de son mieux pour aider ces hommes et ces femmes sur leur chemin de l’exode. Pas question de les laisser traverser le pays à pied. Il les conduit bénévolement jusqu’à la frontière autrichienne malgré les risques. Voler au secours des migrants constitue parfois une infraction.

Avec notre envoyé spécial à Sentilj en Slovénie, Sami Boukhelifa

Portières ouvertes, feux de détresses enclenchés, Michael Shwagen fait monter trois réfugiés syriens à bord de son véhicule : deux frères, une sœur marchant au bord d’une autoroute slovène. Les aider ? Plus qu’une obligation, il s'agit d'un devoir, affirme Michael.

« Nous sommes des êtres humains. Nous devons nous entraider, nous devons aider ceux qui sont dans le besoin. J’en suis convaincu : si nous ne les aidons pas, ça marquera un point noir dans l’histoire de l’Europe durant les siècles à venir. C’est notre devoir en tant que citoyens européens, en tant qu’êtres humains, en tant que chrétiens. Chacun doit faire de son mieux. »

A près de 200 km/h, Michael fonce vers le Nord, vers l’Autriche. Il dépose la fratrie juste avant la frontière. L’aîné Firas lui exprime sa gratitude : « Nous avions peur de nous perdre, mais Dieu merci il nous a aidés. Nous avons déjà été séparés de notre mère à la frontière slovène. Mais encore une fois merci. » « La frontière est à trois minutes dans cette direction », indique Michael. Il aurait préféré les déposer en Autriche, mais faire passer illégalement des migrants est un délit. La peine encourue est de cinq ans de prison.


■ Migrants en Slovénie : « Nous sommes partis à cinq, nous arrivons à trois »

Ereintés par des semaines de voyage, des réfugiés syriens ont convergé par petits groupes aux portes de l'Autriche. Pour eux, le plus dur est derrière eux. Mais au sentiment de joie se mêle aussi beaucoup de tristesse. « Nous sommes partis à cinq, nous arrivons à trois », déplore un Syrien. Deux membres de sa famille manquent à l’appel : sa mère et son petit frère. « Plus aucune nouvelle depuis la Croatie », confie un migrant sur le visage duquel on peut lire la fatigue.

Une frontière, des barrières, des policiers, une bousculade, la confusion et c’est un frère, un enfant, un ami qui disparaît au milieu du chaos. Ce voyage est éprouvant. Il marque les esprits, il marque les corps aussi. Des centaines de kilomètres parcourus parfois à pied. Le soleil, la chaleur dans le sud des Balkans. Le froid désormais aux portes de l’Autriche. Mais tout cela appartient au passé pour nombre de migrants. La fin du calvaire. Une page se tourne.

S.B.

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