En quelques mois, près de 400 000 réfugiés et migrants ont risqué leur vie en traversant la Méditerranée pour fuir la guerre, les persécutions, la misère… Selon le Haut Commissariat des Nations unies l’ONU pour les réfugiés (HCR), ce sont avant tout des ressortissants syriens qui affluent en Europe en quête de protection.
Bien loin des rives de l’Europe du Sud, le Canada compte parmi les premiers pays d’immigration. Il reçoit bon an, mal an, quelque 250 000 immigrants pour une population de 35 millions d’habitants. Le Premier ministre sortant Stephen Harper (conservateur) qui est en campagne électorale a dans un premier temps estimé que face au drame des Syriens « le Canada fait beaucoup et n’en fera pas plus ».
« Si je suis réélu… »
C’était compter sans la pression des simples citoyens et de l’opposition. Du coup, M. Harper a promis de simplifier les procédures en faveur de 10 000 Syriens qui pourraient ainsi venir au Canada d’ici un an au lieu de deux comme initialement prévu. C’est le quota qui avait été assigné au Canada par l’ONU, ni plus ni moins.
Critiqué pour sa frilosité, le Premier ministre s’est quand même engagé, s’il était réélu en octobre, à accepter plus de réfugiés de Syrie et d’Irak. Ses adversaires ont aussitôt assuré être prêts, s’ils l’emportaient, à accueillir sans délai 25 000 réfugiés syriens pour Justin Trudeau du Parti libéral (centre) et 46 000 en quatre ans pour Thomas Mulcair du Nouveau parti démocratique (gauche). Au même moment, le Québec (8 millions d’habitants) a décidé de son côté de recevoir 3 650 Syriens d’ici la fin de l’année.
Les Etats-Unis, autre grand pays d’immigration, ne sont pas non plus à la pointe de l’engagement. La position du président Obama très en retrait a d’ailleurs suscité des réactions pour le moins interrogatives à la fois dans le monde politique et dans les médias. Jusqu’à présent, depuis le début du conflit en 2011 qui a chassé hors de leurs frontières 4 millions de Syriens, ils n’ont été que 1 800 à trouver refuge sur le sol américain. Finalement, Barack Obama a annoncé que les Etats-Unis allaient accueillir 10 000 réfugiés syriens pendant l’année à venir.
La France qui est le plus ancien pays d’immigration en Europe, a vu se ternir son aura de terre d’accueil. Son administration pointilleuse, ses centres de rétention, ses bidonvilles de Sangatte, ont certainement contribué à ce que l’Hexagone ne se classe qu’au sixième rang des pays les plus demandés par les réfugiés. Dans un premier temps hostile à la notion de quotas proposée par l’Union européenne, le président français s’est finalement engagé à accueillir 24 000 Syriens sur deux ans.
Exceptionnelle et ponctuelle
Aux antipodes, l’Australie qui bloque l’accès de son territoire aux migrants à l’exception d’un quota annuel de 13 500 réfugiés a décidé d’assouplir sa politique. Elle laissera entrer en plus 12 000 Syriens et Irakiens en provenance de camps de réfugiés situés au Liban, en Jordanie et en Turquie. L’Australie a cependant précisé que cette mesure avait un caractère exceptionnel et ponctuel. Il n’est donc pas question, pour le moment, de modifier la politique d’asile du pays.
Ces pays qui se sont construits grâce aux apports de l’immigration sont pour la plupart peu enclins à ouvrir largement les portes. Le nombre de personnes qu’ils se disent prêts à accueillir est bien modeste au regard des besoins. Plus inquiétant, l’afflux est loin de devoir s’arrêter comme l’indique le HCR selon lequel près d’un million de migrants devraient traverser la Méditerranée d’ici la fin 2016.
Pour la seule période d’avril à juin 2015, plus de 210 000 personnes ont introduit une demande d’asile dans l’Union européenne. Cela représente une hausse de 85 % par rapport à la même période de 2014 ! L’Allemagne a enregistré le plus de demandes (80 900) soit 38 % du total, la Hongrie 32 700 demandes, l’Autriche 17 400, l’Italie 14 900, la France 14 700 et la Suède 14 300.