Avec notre envoyé spécial à Harmica sur la frontière croato-slovène, Sami Boukhelifa
Après avoir parcouru toute la Croatie, deux issues possibles s'offrent aux migrants pour rejoindre l’Europe du Nord ou de l'Ouest. D'abord, passer par la Hongrie. Mais autant dire que cette option relève désormais de l’impossible, puisque Budapest s’est barricadé, finissant d’ériger une grande muraille en fils barbelés à sa frontière, et déployant son armée au sol tandis que l'aviation scrute les frontières. Reste donc la seconde option, celle que les migrants privilégient désormais : la Slovénie. Ils sont des milliers à converger vers les frontières de ce pays sur le sol croate.
Et c'est là que les migrants se retrouvent pour l'instant stoppés net dans leur voyage. Car la Slovénie aussi, garde ses portes closes pour le moment. La police anti-émeute est déployée au point de passage de Harmica. Officiellement, les autorités slovènes se disent disposées à lever les barrières et laisser entrer ces migrants, majoritairement des réfugiés syriens et irakiens. Mais à Ljubljana, la capitale slovène, le gouvernement souhaite d'abord s'organiser. Des bus doivent être affrétés. Et les migrants devront obligatoirement monter à bord pour entrer en territoire slovène, ont fait savoir les autorités.
La Slovénie, pays membre de l'espace Schengen, veut garder le contrôle. Pour ce faire, ses responsables peuvent se montrer durs et directs dans leurs déclarations. Ils semblent vouloir éviter les scènes de migrants se déplaçant en masse à pied, traversant champs et forêts, comme cela a pu se produire dans d'autres pays de la région. Résultat : les « indésirables » vivent une situation dramatique. Ils tournent en rond dans un pays où ils voudraient seulement transiter. Ils sont ballotés, rejetés, transférés vers des camps de réfugiés. De véritables prisons, à en croire les témoignages de certains d’entre eux.
Néanmoins, ils ne sont pas livrés à eux-mêmes. En Croatie, la population se mobilise pour leur venir en aide. A la frontière d'Harmica, beaucoup de citoyens viennent des villages aux alentours, arrivant à longueur de journée les bras chargés de nourriture. Du pain, des fruits et des conserves sont distribués.