Le gouvernement allemand veut intégrer les réfugiés au plus vite

L'Allemagne, fer de lance d'une politique d'accueil très large, s'attend à accueillir 800 000 demandeurs d'asile en 2015, soit quatre fois plus que l'année précédente, un record en Europe. « Nous avons le devoir de le faire », souligne la chancelière Angela Merkel. Et le gouvernement entend tout faire pour accélérer l'intégration des nouveaux venus.

Quatre cents cinquante mille. C’est le nombre de réfugiés qui sont arrivés en Allemagne depuis le début de l'année, a annoncé ce jeudi matin le vice-chancelier Sigmar Gabriel. Pour faire face, l'Allemagne devenue terre d'asile privilégiée de ces Syriens, Irakiens ou encore Afghans qui arrivent sur les côtes italiennes et grecques et rejoignent l'Europe du Nord, a réquisitionné des logements dans tout le pays.

Mettre les réfugiés sur le marché du travail

Mercredi, Angela Merkel avait promis que l'Allemagne ne répèterait pas les erreurs commises dans les années 1960 et 1970, lorsque sont arrivées des centaines de milliers de travailleurs turcs dans le pays. Et elle a fixé comme priorité au gouvernement allemand le fait de tout mettre en œuvre pour accélérer l'intégration des nouveaux venus. Ce jeudi matin, Angela Merkel a visité le centre d’accueil de réfugiés de Spandau, près de l’aéroport de Berlin, où l’office pour l'emploi vient de démarrer une initiative originale dans cette optique.

« L'office pour l'emploi a des bureaux dans le même bâtiment que le centre. Il sera donc possible d'évaluer très rapidement les compétences de ceux qui ont un bon niveau de formation, pour faciliter leur intégration sur le marché du travail », se félicite la chancelière allemande. « Je pense que ce modèle est représentatif de ce que nous voulons réussir à faire dans les prochains mois : permettre à ceux qui reçoivent le statut de réfugiés d'être tout de suite en contact avec l'office pour l'emploi. »

A Dortmund, les centres sont saturés

Une manière de battre en brèche les craintes de certains, en Allemagne, et de neutraliser le pouvoir de nuisance de la frange dure de l’extrême droite qui a organisé ces derniers mois des manifestations anti-réfugiés. C'est notamment le cas à Dortmund, la plus grande ville de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où ont lieu régulièrement des manifestations d’extrême droite, qui tentent de mobiliser contre l’arrivée des réfugiés. Ces manifestations sont encadrées non seulement par la police, mais aussi par de simples citoyens, toujours en surnombre pour faire bloc aux thèses néonazies.

C’est dans ce Land que le plus grand nombre de réfugiés sont accueillis : 37 000 réfugiés y sont actuellement hébergés, répartis sur 129 centres d’accueil. Et d’ici la fin de la semaine, le Land s’attend à recevoir 14 000 réfugiés supplémentaires, rapporte l’envoyée spéciale de RFI à Dortmund, Stefanie Schüler. A titre de comparaison, il y a trois ans, on ne comptait que 1 800 réfugiés dans toute la région.

« Sans nous, le système s'effondrerait »

La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, située dans l’ouest de l’Allemagne, accueille à elle seule 30 % de tous les nouveaux arrivants. « Sans nous, tout le système d’accueil allemand s’effondrerait », a déclaré son ministre de l’Intérieur, Ralph Jäger, en début de semaine.

Tous les jours, des trains spéciaux arrivent en provenance de Munich et de l’Autriche et c’est à Dortmund, la plus grande ville régionale, que la plupart des réfugiés atterrissent. La ville a d’ailleurs mis en place une cellule de crise qui travaille 24 heures sur 24. Comme à Munich, la solidarité de la population est grande. A chaque arrivée de train, des centaines de personnes se précipitent vers la gare pour apporter de l'aide et toute sorte de dons.

Mais, alors que la ville a accueilli 4 000 personnes en cinq jours, le principal centre d’accueil de Dortmund ne compte que 350 places. Les réfugiés sont donc répartis dans d’autres villes. Mais les communes atteignent elles aussi les limites de leurs capacités. Face à l’urgence, le gouvernement de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie a décidé d’édifier de grandes tentes, avec un sol en dur et du chauffage. Une solution qui n’est pas satisfaisante, mais qui permet dans l’immédiat d’offrir un abri aux réfugiés, à la veille de l’arrivée de l’automne.

Partager :