Ukraine: des violences qui en disent long sur l'état réel du pays

Ce devait être un vote pour apaiser les tensions dans l'est de l'Ukraine : une modification de la Loi fondamentale pour accorder davantage d'autonomie aux régions séparatistes en conflit ouvert avec le pouvoir central. Mais pendant que les députés approuvaient les amendements à la Constitution, lundi 31 août à Kiev, des manifestants d'extrême-droite et des policiers se sont violemment affrontés. Un policier a été tué, un autre a succombé à ses blessures le lendemain. On dénombre environ 140 personnes hospitalisées. Un suspect a été arrêté, ainsi qu'une trentaine de contestataires.

Avec notre correspondant à Kiev,  Sébastien Gobert

Sur les vidéos, on voit un individu sortant une grenade de son sac à dos, la jetant vers les policiers, et prenant la fuite tout de suite après. Un suspect a été arrêté, de même qu'une trentaine d'autres protestataires. Le jeune homme à la grenade serait membre du bataillon de volontaires pro-ukrainiens Sitch, mobilisé dans le Donbass (Est) et très critique envers les politiciens de Kiev. Le bataillon Sitch et le parti nationaliste Svoboda se sont immédiatement désolidarisés des fauteurs de troubles et criminels.

Il serait néanmoins réducteur de considérer que les violences de lundi ne sont que le fait d'agitateurs isolés. Il existe une mouvance nationaliste très active en Ukraine, fortement opposée au projet de décentralisation du président Petro Porochenko, ainsi qu'à la moindre concession qui serait faite aux territoires tenus par les séparatistes.

Sur le terrain, les conditions d'une quelconque autonomie des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk ne sont de toutes les manières pas réunies. Hormis l'opposition des nationalistes ukrainiens, les dirigeants séparatistes eux-mêmes refusent toute coopération avec Kiev. Et depuis les accords de Minsk II, en février, les armes ne se sont jamais totalement tues dans le Donbass. Un nouveau cessez-le-feu doit entrer en vigueur ce mardi 1er septembre, pour protéger les enfants le jour de la rentrée des classes.


■ Pointé du doigt, le parti Svoboda au cœur de la contestation

Connu d'abord pour son antisémitisme, Svoboda s'est ensuite illustré lors des protestations de la place Maïdan, qui ont conduit à la chute du pouvoir pro-russe de Kiev. Puis, beaucoup de ses membres se sont engagés dans les combats contre les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. Le parti revendique 20 000 membres. Dix-neuf d'entre eux ont été tués dans les combats dans l'Est.

Parmi les centaines de manifestants réunis lundi 31 août devant le Parlement ukrainien, pour protester contre le projet de révision constitutionnelle ouvrant la voie à plus d'autonomie dans les régions orientales du pays, les membres de Svoboda étaient de loin les plus nombreux. Après les affrontements, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov a immédiatement mis en cause Svoboda, qui s'est néanmoins désolidarisé des fauteurs de troubles.

 

 

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