Affrontements à Kiev: au moins un mort et une centaine de blessés

Des heurts ont éclaté lundi 31 août aux abords du Parlement ukrainien entre les forces de l'ordre et des militants nationalistes. L'explosion d'une grenade a fait au moins un mort et une cinquantaine de blessés parmi les forces de l'ordre.

Les habitants de Kiev sont habitués depuis des années aux cris de « Honte ! » et « Dehors les bandits ». Mais une telle flambée de violence meurtrière est une première depuis la « révolution de la dignité ». Des centaines de membres du parti nationaliste Svoboda et d'autres mouvements ultranationalistes ont tenté de prendre d'assaut le bâtiment du Parlement pour protester contre une réforme de la Constitution et un projet de décentralisation de l'Etat qui accorderait plus de pouvoirs aux régions du pays, y compris les régions sous contrôle séparatiste.

Plusieurs centaines de manifestants, rassemblés dans la matinée devant le Parlement pour dénoncer ce projet, ont commencé à jeter des grenades fumigènes sur la police qui protégeait le bâtiment quand ils ont appris que le texte avait été adopté. Le ton est monté. Un engin explosif lancé depuis la foule a fait de nombreux blessés, essentiellement parmi les forces de l'ordre, dont un membre de la Garde nationale qui a succombé à ses blessures. Le ministre de l'Intérieur a annoncé l'arrestation de 30 personnes, dont le lanceur de grenade. « C'était une action anti-ukrainienne, dont les organisateurs, sans exception – tous les représentants des forces politiques – devront être sévèrement châtiés », a réagi le président Petro Porochenko.

La réforme initiée par Petro Porochenko, très controversée, est passée à la mi-journée en première lecture, dans un climat de fortes tensions politiques. Les forces nationalistes refusent une quelconque concession aux régions tenues par les séparatistes.

Mais au sein même de la coalition, on accuse le président ukrainien de proposer une réforme en trompe-l’œil. Au lieu de décentralisation, le pouvoir central conserverait un contrôle exclusif sur les collectivités territoriales. A travers ces tensions et ces heurts, c'est bien l'existence même de la coalition gouvernementale qui est remise en cause. Élus pour des réformes de fond, les députés ukrainiens semblent s'être perdus, encore une fois, dans des querelles politiciennes aux conséquences violentes.


Au cœur de la contestation, le parti d'extrême droite Svoboda

Connu tout d'abord pour son antisémitisme, le parti Svoboda s'est ensuite illustré lors des protestations de la place Maïdan qui ont conduit à la chute du pouvoir pro-russe de Kiev. Puis, beaucoup de ses membres se sont engagés dans les combats contre les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

Et parmi les centaines de manifestants réunis devant le Parlement ukrainien pour protester contre le projet de révision constitutionnelle ouvrant la voie à plus d'autonomie dans les régions orientales du pays, les membres de Svoboda étaient de loin les plus nombreux.

Après les affrontements, le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov a immédiatement mis en cause Svoboda. L'homme qui a jeté une grenade de combat en direction des forces de l'ordre et des journalistes est un militant de ce parti, il était aussi volontaire dans les rangs du bataillon Sitch qui combat les rebelles pro-russes et qui a été finalement intégré aux forces du ministère de l'Intérieur.

Svoboda revendique 20 000 membres et dix-neuf d'entre eux ont été tués dans les combats de l'est de l'Ukraine.  

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