L'appel à l'aide d'Eurotunnel semble avoir été entendu. Et pourtant, rien n'était gagné côté français. Il y a quelques semaines, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait reproché au groupe de ne pas faire les efforts nécessaires pour sécuriser ses installations. Mais avec l'accord qui doit être signé ce jeudi, ce sont les gouvernements français et britanniques et non plus la simple entreprise qui promettent de renforcer leur surveillence du site d'Eurotunnel.
D'ailleurs, c'est par l'Eurotunnel que les deux ministres commenceront la journée. Visite des infrastructures, de la salle des contrôles, rencontre avec les forces de l'ordre présentes sur place. Puis direction le siège de la police aux frontières avant la signature de l'accord prévue aux alentours de midi.
Un accord aux contours encore assez flous. En plus de la sécurisation du tunnel sous la Manche, le Royaume-Uni et la France prévoient de travailler davantage ensemble dans le démantèlement des filières de passeurs, sans oublier le côté humanitaire.
« Les effectifs montent mathématiquement tous les jours à Calais »
Mais les associations attendent plus de détails et surtout elles redoutent déjà qu'avec cette frontière renforcée les migrants ne soient de plus en plus nombreux en transit à Calais. Pour François Guennoc, de l'association L'Auberge des migrants, cet accord est loin d'être satisfaisant. Pour lui, il n'est qu'un prolongement et un renforcement d'un plan déjà existant avec un volet sécurité du port et du tunnel, un volet lutte contre les passeurs et un volet humanitaire. « On est dans la même logique que depuis quelques mois, c'est-à-dire depuis l'ouverture du Centre Jules Ferry, depuis la construction des grilles sur le port, depuis le renforcement des effectifs de police », souligne François Guennoc. Et ce plan pour lui est plutôt un echec.
« Depuis le renforcement des défenses autour d’Eurotunnel, les effectifs montent mathématiquement tous les jours, ajoute le militant. Il y a de nouveaux arrivants et ils ne passent plus. Si le plan franco-anglais consiste juste à confirmer que l’on mette plus de policiers et plus de grilles, qu’on fasse la chasse aux passeurs qui sont remplacés dès qu’ils sont arrêtés et qu’on fasse un peu plus d’humanitaire, ça veut dire que dans ce bidonville de 3 000 personnes, demain il y en aura 4 000 et pourquoi pas plus. On est dans l’impasse. »