A Folkestone, le regard peu amène des habitants sur les migrants

Depuis des semaines, des centaines de migrants tentent de rallier l'Angleterre depuis Calais, au nord de la France. Leur méthode : embarquer sur les ferrys qui traversent la mer ou les camions qui empruntent le tunnel sous la Manche. Ils arrivent ensuite dans le sud de l'Angleterre et continuent en général leur route vers Londres. A Folkestone, l'une des villes d'arrivée, la population ne voit presque pas les migrants mais porte un regard négatif sur les dernières semaines.

Avec notre envoyé spécial à Folkestone,  Pierre Pillet

La principale gêne occasionnée par la crise des migrants pour les habitants de Folkestone, c'est l'opération Stack, lorsque la police contrôle les poids lourds à la sortie du tunnel sous la Manche. Dans ce cas, mieux vaut éviter de prendre sa voiture, explique Frédéric, un habitant de Folkestone. « Les jours de contrôle, si on doit aller au travail ou voir des proches en voiture, c'est impossible. Avec tous les camions arrêtés sur la route, c'est un cauchemar ! »

Derrière ses lunettes de soleil, Rosemary est un peu désemparée. Elle ne comprend pas pourquoi les migrants sont attirés par l'Angleterre. « Ils pensent que c'est le pays rêvé ici, que tout va bien. En réalité, il y a beaucoup de gens en difficulté, qui vivent sous le seuil de pauvreté ! »

Assis sur un banc au bord de la mer, John aperçoit la France, dont il dénonce le laxisme à Calais. « Ils sont illégaux en France et l'Etat ne fait rien, déplore-t-il. Ils les empêchent de monter sur les camions près du tunnel sous la Manche mais les relâchent dans la nature ! »

Les habitants en veulent aussi à l'Union européenne et ses frontières qu'ils estiment poreuses. Ils assurent qu'ils se souviendront de cette crise au moment du référendum sur l'appartenance de leur pays à l'Union européenne dans quelques mois.


La presse britannique attaque

Si le nombre de tentatives de passage en Angleterre a baissé ces derniers jours, selon de nombreux chauffeurs de poids lourds, outre-Manche, l'attitude de la presse britannique reste agressive vis-à-vis de cette crise migratoire.

« Les migrants trouvent porte ouverte direction la Grande-Bretagne », titre le Daily Telegraph en Une ce samedi 8 août. L'un des principaux journaux britanniques évoque une faille dans la sécurité d'une grille près du tunnel sous la Manche qui aurait profité aux migrants. Et ce alors que, ajoute le journaliste, « des millions de livres du contribuable anglais vont dans le renforcement de la sécurité près du tunnel ». Les tabloïds britanniques se montrent tout aussi agressifs. Comme une éditorialiste du Sun qui a comparé les migrants à des « cafards ».

Bridget Chapman est à la tête de Folkestone United, une association en faveur de l'immigration. Elle estime que le traitement de la crise actuelle par la presse anglaise est faussé. « La presse britannique a été très irresponsable. Par exemple, elle essaie de faire croire qu'un groupe de 200 migrants terroristes a essayé telle nuit d'entrer dans le tunnel sous la Manche. C'est pour tenter de faire peur au lecteur ! »

La France a aussi eu droit à des critiques, traitée notamment d'égoïste par le Daily Telegraph. Le journal accuse Paris de laisser les problèmes migratoires au Royaume-Uni.

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