Environ 124 000 migrants et réfugiés ont atteint la Grèce depuis le début de l'année, notamment par la mer Méditerranée. Le HCR, le Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU, dénonce les conditions dans lesquelles ces réfugiés, en majorité des Syriens, sont accueillis.
« La capacité de réception des autorités grecques, tant sur les îles que quand les gens sont transférés à Athènes, est quasi inexistante, déplore Vincent Cochetel, directeur Europe du HCR. On a un système de réception qui permet de répondre à 1 100 personnes. Ce n’est pas normal, on est sur un territoire de l’Union européenne et aucune assistance n’est donnée. La réponse repose sur quelques agences humanitaires et des groupes de volontaires grecs. J’ai passé 30 ans avec le HCR, j’ai visité beaucoup de pays dans ma carrière, je n’ai jamais vu une situation comme ça dans beaucoup de pays africains. Ce n’est pas normal, on est sur des îles très touristiques, on doit pouvoir trouver des sites sur lesquels on peut travailler, transférer ces gens vers Athènes, les distribuer à l’intérieur de la Grèce et créer les conditions dans lesquelles les agences humanitaires puissent travailler pour assister les autorités. »
Un problème européen
Amélioration des infrastructures d'accueil des migrants et réfugiés, accélération des procédures d'identifications des nouveaux arrivants, ainsi que leur transfert des îles de la mer Egée où ils arrivent de la Turquie… Voici quelques-uns des engagements prioritaires d'Alexis Tsipras. Le Premier ministre grec promet aussi de mieux gérer les fonds européens que reçoit son pays pour la surveillance des frontières, sans pour autant donner de calendrier d'action précis. Il a surtout voulu pointer du doigt la dimension européenne du sujet.
Les pays d'accueil ne peuvent pas être considérés comme des caves d'âmes humaines et la Méditerranée ne peut pas devenir une mer cimetière. Le ton sévère, Alexis Tsipras n'a pas hésité à rappeler que cette question dépasse les capacités de la Grèce, abattue par la crise économique depuis cinq ans et a fustigé certains partenaires européens. Selon lui, de hauts membres de l'Union européenne refusent d'adopter la valeur de solidarité européenne et considèrent que le problème doit être réglé à la carte par les pays d'accueil. Un appel qui fait écho à celui lancé par l'Italie.
Les Vingt-Huit à l'épreuve de la solidarité
Cette nouvelle crise est l'occasion pour la Commission de mettre les Etats membres devant leur responsabilité. Elle leur demande de passer de la parole aux actes en matière de politique d'immigration, rapporte notre bureau à Bruxelles. Les Vingt-Huit s'opposent en effet à l'institution en matière de gestion des flux migratoires. La Commission proposait au mois de mai de mettre en place un mécanisme d'urgence de relocalisation des demandeurs d'asile. L'objectif est de répartir dans l'ensemble des pays membres 40 000 migrants arrivés en Italie et en Grèce. La Commission a pour cela défini une clef de répartition qui tient compte de la population, du PIB ou encore du taux de chômage de chaque pays d'accueil.
Sur le principe, les gouvernements sont d'accord avec le besoin d'une plus grande solidarité. En revanche, ils critiquent les propositions de la Commission. Certaines capitales ne veulent pas entendre parler de quotas et d'autres contestent la clef de répartition. Finalement, les Vingt-Huit ont donc opté pour un mécanisme de relocalisation sur une base volontaire et non contraignante. La Commission européenne ne cache pas ses doutes quant à l'efficacité d'un tel système, mais elle espère qu'il permettra d'apporter une réponse satisfaisante. Faute de quoi, elle n'hésitera pas à revenir dans les prochaines semaines avec de nouvelles propositions.