Les rescapés du naufrage en Libye sont arrivés en Sicile

Après le naufrage, mercredi à 55 miles au nord-ouest des côtes libyennes, d’un bateau de pêche transportant entre 600 et 700 migrants, plus de 370 rescapés sont arrivés jeudi 6 août à Palerme, en Sicile. Les recherches se poursuivent en Méditerranée pour tenter de retrouver d'autres survivants ou les corps de victimes. Les espoirs s'amenuisent d'heure en heure.

Les recherches sur les lieux de la tragédie ont duré toute la nuit de mercredi à jeudi et se sont poursuivies toute la journée de jeudi. La température de l’eau dans la région est plus élevée et permet encore quelque espoir de retrouver des survivants. Cette vaste opération de secours, impliquant sept navires et des hélicoptères qui ont largué des gilets et des radeaux gonflables, pour permettre aux survivants de s'accrocher en attendant d'être tirés de l'eau, a permis de secourir 373 personnes, dont 24 femmes et 13 mineurs arrivés ce jeudi au port de Palerme.

Le navire militaire irlandais Niamh a récupéré la quasi-totalité des survivants du naufrage de mercredi, ainsi que les 25 corps repêchés après le drame. Il est arrivé jeudi après-midi au port de Palerme, en Sicile. Parmi les personnes secourues qui sont arrivées au port, il y avait aussi cinq passeurs présumés, de nationalité algérienne ou libyenne. Ces hommes composaient l'équipage du bateau qui a coulé en quelques minutes. Ils ont été arrêtés par la police grâce aux témoignages de migrants.

La suite, désormais, ce sera de tenter d’établir le plus précisément possible le nombre de disparus. Pour cela, il va falloir du temps, afin d’interroger tous les migrants présents sur le bateau et confronter leurs chiffres. Les premiers témoignages recueillis font état de 600 à 700 personnes à bord, dont une centaine - peut-être plus - aurait pu être enfermée dans la cale du bateau. Le parquet de Palerme a ouvert une enquête sur ce nouveau naufrage, rapporte notre correspondante en Italie Anne Le Nir.

Prise en charge

La protection civile, la Croix-Rouge et l'association catholique Caritas sont venues en aide aux migrants, à peine débarqués à Palerme, pour leur offrir un panier-repas, des boissons fraîches et des vêtements. Après les contrôles sanitaires, obligatoires, la plupart des rescapés ont été transférés, par autocar, dans la région de Naples ou dans des régions du nord de l'Italie. Seules les personnes qui avaient besoin de soins immédiats se trouvent encore en Sicile, rapporte la journaliste Cécile Debarge qui se trouve sur l'île. Six d’entre elles avaient d’ailleurs été emmenées en hélicoptère dans des hôpitaux de la région, juste après le sauvetage.

Toutes les familles des victimes resteront en revanche en Sicile, soutenues par des psychologues de Médecins sans frontières (MSF). Paola Faras, chef des opérations de secours pour MSF Espagne, insiste sur l'importance de suivre et d'accompagner psychologiquement ces rescapés. « Elles ont traversé un moment très traumatisant. Nous les avons récupérées dans l'eau car le bateau avait chaviré et coulé. Beaucoup de gens sont morts, ils ont simplement coulé au fond de l'eau. Alors, ceux qui ont survécu en nageant ou en s'accrochant sont très choqués. Ils sont particulièrement traumatisés », insiste Paola Faras.

Elle rappelle par ailleurs que le plus grand flou règne autour du nombre exact de victimes, dans la mesure où on ignore « combien de personnes en tout se trouvaient à bord ». « Le temps que nous arrivions, le bateau avait déjà chaviré et il était en train de couler, donc nous ne savons pas exactement combien de personnes se trouvaient à bord », déplore-t-elle.

Plus de 2 000 disparus en Méditerranée

A Palerme, comme dans les autres ports de Sicile et du sud de l’Italie, on se prépare déjà aux prochaines arrivées. Quatre sauvetages ont eu lieu en Méditerranée ce jeudi. Plus de 1 200 migrants ont été secourus. Les gardes-côtes italiens ont notamment annoncé avoir secouru 381 migrants au large des côtes libyennes. La marine italienne, elle, est venue en aide à 101 personnes dont le canot était en train de couler, et Médecins sans frontières a porté assistance à 86 autres migrants.

2015 est une année tragique. La barre des 200 000 arrivées par la mer en Italie et en Grèce vient d’être atteinte, alors que celle des 2 000 disparus en Méditerranée a déjà été franchie selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).

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