La tendance à la baisse du chômage se confirme en Espagne si on en croit les chiffres publiés ce 4 août par le ministère de l’Emploi. Si au mois de juillet, ce sont 74 028 personnes qui sont sorties des statistiques des sans-emploi, le pays reste encore durement touché par le chômage. Avec un taux de chômage de 22,37 % évalué par l’Institut national de la statistique (INE), il n’y a guère en Europe que la Grèce pour être dans une situation encore plus difficile.
Précarité contre CDI
Ce repli du chômage est le plus important enregistré depuis juillet 2014. L’an dernier, à la même époque, ce sont à peine 30 000 personnes qui avaient retrouvé un emploi contre 74 000 en juillet 2015 ce qui est le double de la moyenne des huit dernières années (37 000). Une tendance encourageante de -2,61 % qui concerne notamment les jeunes qui, en Espagne, connaissent un des taux de chômage (50 %) parmi les plus élevés de l’Union européenne.
Selon les chiffres transmis par le ministère, tous les secteurs d’activité profitent de cette amélioration sur le front de l’emploi. Les services ont vu le nombre de demandeurs d’emploi reculer de 44 303, la construction de 10 511 et l’industrie de 11 281. Mais il en faudra beaucoup plus pour que l’Espagne parvienne à retrouver une vraie dynamique de l’emploi.
D’autant plus que les bons résultats publiés sont accueillis avec scepticisme par l’opposition qui affirme que cette baisse est due essentiellement aux contrats temporaires. Depuis la réforme du Code du travail en 2012, licenciements et embauches ont été en effet nettement facilités, ce qui n’a cessé selon les syndicats d’allonger les listes des chômeurs. Une critique que rejette le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy qui met en avant l’augmentation de près de 17 % du nombre de contrats à durée indéterminée (CDI) et à temps complet signés depuis janvier par rapport à 2014.
Le contre-exemple grec
S’extraire du chômage demeure évidemment pour Madrid la quête du Graal. Le gouvernement parie d’ailleurs sur la création de quelque 600 000 emplois pour cette année, un objectif qui semble à portée de main. Mais, malgré des signes clairs de reprise, la santé économique du pays demeure très fragile avec une dette qui représente près de 98 % de son PIB. De plus, la plus grande part des emplois créés est liée à l’activité saisonnière estivale.
Si le Premier ministre Rajoy se réjouit du recul du chômage et mise sur une croissance de 3,3 % sans inflation cette année, son optimisme n’est pas toujours partagé. Notamment à l’Organisation mondiale du Travail (OIT) où on pense que le taux de chômage espagnol se maintiendra au-dessus des 20 % d’ici la fin de la décennie. Rajoy reconnaît certes une navigation périlleuse, mais il l’attribue davantage aux incertitudes politiques qu’à l’économie.
Quand il évoque ces incertitudes, le Premier ministre vise avant tout les élections régionales du 27 septembre en Catalogne dont l’enjeu central sera l’indépendance, faute d’un référendum jugé illégal. Mariano Rajoy fustige également les alternatives économiques défendues par Podemos et le reste de l’opposition. A propos des élections législatives attendues en novembre, il n’a de cesse de mettre ne garde les Espagnols contre l’« exemple grec » si jamais ils étaient tentés de donner leur voix à Podemos.