De notre correspondant en Espagne, François Musseau
En Catalogne, le FC Barcelone n’est pas une institution comme les autres. D’ailleurs, le slogan du club le dit lui-même : « mes que un club », « plus qu’un club ». Le « Barça », comme on le surnomme communément, c’est un emblème de la Catalogne, un symbole, l’étendard de l’excellence et surtout une incroyable projection médiatique de la région dans toutes les parties du globe. Tout le monde connaît Messi, Neymar, Piqué ou autre Iniesta. Autrement dit, celui qui dirige le Barça a un pouvoir considérable et symbolique.
Cette année, quatre candidats sont en lice pour le poste. Notamment le président sortant, Josep Maria Bartomeu, et un certain Joan Laporta, grand favori. Le sortant part avec l’avantage d’avoir remporté le triplé cette saison, pour la deuxième fois de l’histoire du club. Mais il fait face à un avocat charismatique qui a déjà été président entre 2003 et 2006, à une autre époque de grand succès. Laporta est un ami personnel d'une légende du football et du Barça, Johan Cruyff. C'est également quelqu’un susceptible de recruter le Français Paul Pogba s'il est élu. De quoi lui faire gagner le suffrage de la plupart des quelque 150 000 socios.
Derrière l'enjeu sportif, le statut de la Catalogne évidemment
Laporta, ce n’est pas un choix neutre politiquement, c’est aussi un député au Parlement régional, ouvertement séparatiste qui plus est. Ceci étant, les quatre candidats en lice se sont déclarés en faveur d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, un vrai vote, pour décider si la région doit rester ou non dans le giron espagnol.
Mais parmi les impétrants, Joan Laporta est le plus fervent séparatiste, et de loin. Il dit que la Catalogne mérite un Etat propre et qu'il « fera tout ce qui est en son pouvoir pour que cela devienne réalité après les législatives régionales de septembre prochain ».
En clair, si Laporta est élu, le FC Barcelone va encore plus devenir une arme pour l’obtention de l’indépendance catalane. C’est en cela que ce vote a une forte coloration politique. A Madrid, bien sûr, on voit donc d’un très mauvais œil le possible retour de Laporta aux affaires. On craint que ce grand club multisports devienne le tremplin médiatique et symbolique des forces séparatistes.