Avec notre correspondante à Barcelone, Martine Pouchard
Ada Colau n’a pas failli à sa promesse électorale. La maire issue des rangs des « indignés » va se faire fin stratège pour ménager à la fois les intérêts d’un secteur touristique très florissant à Barcelone et ceux d’une population au bord de la crise de nerfs. « Nous considérons que le principal objectif d’un plan stratégique du tourisme, c’est de ne pas créer de ghettos », explique Ada Colau, pour qui il ne doit pas y avoir de « zones de la ville qui se convertissent en parcs thématiques, parce que cela nuit aux habitants et déçoit les touristes qui ne reviendraient pas, alors qu'ils reviennent aujourd'hui. »
Ada Colau aura une lourde besogne, car elle s’attaque à un modèle touristique saturé par les appartements touristiques illégaux et gangréné par la spéculation immobilière des grands groupes hôteliers. Par ailleurs, l’incivisme et le bruit de certains touristes sont autant de nuisances qui exaspèrent de plus en plus les Barcelonais.
« Les gens viennent ici, à Barcelone, pour manger, boire de la sangria, des bières. Ils devraient venir ici pour autre chose, regrette ainsi Juan, propriétaire d’un petit commerce dans le vieux quartier et quelque peu exaspéré par ce tourisme de masse. « Ils crient, vocifèrent… Ils ne font pas ça dans leurs pays. Bien sûr que cela me gêne, cela ne me plait pas du tout. C’est horrible. »
Signe qu’à Barcelone, les temps changent, les représentants du secteur hôtelier, des associations de quartiers et des commerçants sont conviés autour de la table, et chacun aura son mot à dire.