Nicholas Winton, le «Schindler britannique», est mort

Celui que l’on surnommait le « Schindler britannique » en référence à l’industriel allemand qui a sauvé 1 200 Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale, est décédé mercredi 1er juillet à l’âge de 106 ans. Nicholas Winton est connu pour avoir organisé le départ de Tchécoslovaquie de 669 enfants pour la Grande-Bretagne.

« Le Schindler britannique », Nicholas Winton, est décédé à l’âge de 106 ans, mercredi 1er juillet. C’est aussi un 1er juillet, en 1939, qu’il réussit à faire partir un train emportant vers la Grande-Bretagne et sans doute loin d’une mort promise, 241 enfants. Le plus gros des convois qu’il a organisés. Son gendre, Stephen Watson a déclaré qu’il est décédé paisiblement dans son sommeil à l’hôpital Wexham de Slough.

Nicholas Wertheimer naît à Londres en 1909 de parents juifs allemands. La famille se convertit au christianisme et change son nom en Winton. A la fin de l’année 1938, l’un de ses amis qui travaille à l’ambassade britannique de Prague l'appelle à l'aide alors que l’ouest du pays vient d’être annexé par l’Allemagne. Agent de change à la Bourse de Londres, Nicolas Winton part pour la Tchécoslovaquie. Il découvre les camps de réfugiés et les conditions misérables dans lesquelles vivent les déplacés. Une partie de sa famille encore en Allemagne pressent le pire. Il décide de rester à Prague.

« Kindertransport »

Dans sa chambre d’hôtel, il ouvre un « bureau » où il reçoit les familles juives qui espèrent mettre à l’abri leurs enfants. A l’époque, la Grande-Bretagne organise un programme appelé « Kindertransport » pour recueillir les enfants juifs non accompagnés. Mais pour être acceptés dans le pays et obtenir leur visa, les enfants doivent avoir une famille d’accueil, ainsi qu’un pécule de 50 £ afin d’assurer l’achat d’un éventuel billet retour.

Les personnes affluent à son hôtel. Nicholas Winton décide alors d’ouvrir un véritable bureau dans les locaux d’une boutique. Au début de l’année1939, il confie cette charge à deux amis, Trevor Chadwick et Bill Barazetti, raconte le New York Times. Nicholas Winton, lui, retourne à Londres. Il y cherche des familles d’accueil et réunit des fonds pour les différents frais (transports, billets, pots de vin).

Il organise ainsi huit voyages, sauvant en tout 669 enfants. Un trajet périlleux. Les enfants partent de Prague, traversent le territoire du Troisième Reich jusqu’à la Hollande. De là, ils rejoignent par bateau les côtes britanniques. Ils sont alors accueillis par Nicholas Winton lui-même ou par les familles d’accueil. Parmi les enfants rescapés – qui se surnomment eux-mêmes « les enfants de Winton » – figurent le réalisateur Karel Reisz, l’ancien parlementaire Alfred Dubs, le journaliste Joe Schlesinger, l’écrivaine Vera Gissing, la généticienne Renata Laxova…

Le dernier convoi de 250 enfants, prévu le 3 septembre 1939, ne peut partir. La Grande-Bretagne vient de déclarer la guerre et les frontières sont fermées. Aucun de ces enfants n'ont jamais été revus.

Mémoire

Après la guerre, Nicholas Winton travaille pour des organisations de réfugiés ainsi que pour l’Abbeyfield Society, une œuvre de charité qui s’occupe des personnes âgées. Il taira son histoire pendant près de 50 ans. C’est sa femme Grete, avec qui il a eu trois enfants, qui fait connaître les actions de son mari après avoir retrouvé dans une vieille sacoche la liste des enfants et des lettres de leurs parents ainsi que de multiples papiers de l’époque. Nicholas Winton est anobli par la reine Elisabeth II en 2002 et reçoit de nombreuses récompenses, dont l’ordre Tomas Garrigue Masaryk, l’une des plus hautes distinctions tchèques en 1998, ainsi que le titre de « Héros britannique de l’Holocauste » en 2010.

Le 1er septembre 2009, un train spécial composé d’une locomotive et de wagons datant des années 1930 a refait le voyage. A bord, les rescapés ou leurs descendants ont revécu le départ de 1939. A Liverpool, Nicholas Winton les attendait. 

Nicholas Winton et les rescapés ont fait l’objet de trois films : le film All My Loved Ones (1999), les documentaires, The Power of Good : Nicholas Winton (2002), et Nicky’s Family (2011). Un livre de Matej Minac et Peter A. Rafaeli Nicholas Winton’s Lottery of Life (2007) raconte aussi son histoire.

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