Le référendum prévu pour le dimanche 5 juillet a été approuvé par 178 députés sur un total de 300 parlementaires. Les députés de la majorité gouvernementale de gauche radicale Syriza et leurs alliés souverainistes de droite Grecs indépendants (Anel) ont voté pour le référendum, de même que les députés du parti neonazi Aube dorée. Conservateurs de la Nouvelle démocratie et socialistes du Pasok ont voté contre, tout comme les communistes du KKE et le parti centriste Potami.
Houleux, les débats ont duré 13 heures, relate notre envoyé spéciale sur place, Aabla Jounaïdi. L’opposition fut véhémente. Un socialiste a accusé Alexis Tsipras de mener le pays à la faillite. Un parlementaire du parti Potami a accusé le gouvernement de n’avoir pas vraiment su défendre les intérêts grecs à Bruxelles. Quant au chef du parti Nouvelle démocratie, il a même quitté l’enceinte pour protester contre la partialité de la présidente Syriza du Parlement.
C’est notamment la question de la constitutionnalité de ce référendum sur les réformes proposées par les créanciers qui pose problème à l'opposition, explique notre correspondante à Athènes Charlotte Stiévenard. Evy Christofilopoulou est députée des socialistes du Pasok. Elle estime que le scrutin n'est pas légal : « On ne peut pas, en cinq jours seulement, organiser et mettre en place les détails techniques et les détails institutionnels pour avoir un processus démocratique. »
Autre argument de l'opposition : dans la Constitution, le législateur limite l'utilisation du référendum aux questions nationales cruciales. Pour les conservateurs et les socialistes, il ne peut s'agir que de la sécurité nationale ou des affaires étrangères. Mais pour la député de la gauche radicale de Syriza, Aglaia Kyritsi, l'argument ne tient pas. « C'est clairement une question de démocratie, défend-elle. C'est donc une décision historique du gouvernement pour le peuple grec, qui doit prendre une décision pour notre démocratie et notre souveraineté nationale. »
L'opposition met aussi en cause le référendum sur le fond. Elle estime que derrière la question « pour ou contre les propositions de réformes des créanciers de la Grèce » s'en cache une autre : pour ou contre la sortie de la zone euro.