Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, était arrivé en demandant une extension du programme d’aide pour un mois, le temps que le référendum se tienne et que les conclusions en soient tirées. Ses dix-huit homologues de la zone euro ont rejeté cette demande.
Mais Yanis Varoufakis veut encore croire qu'il est possible de relancer les négociations d'ici mardi et d'arriver à un accord favorable qui pourrait être accepté par référendum :
« Le gouvernement est absolument déterminé à trouver une solution, un accommodement avec nos partenaires que le peuple grec sera amené le 5 juillet à approuver ou à refuser. Ça laisse la porte ouverte à des négociations dans les nuits et les jours qui viennent pour améliorer les propositions des institutions. En ce cas, la recommandation du gouvernement changera. Nous recommanderions alors de voter oui. Je veux ajouter que le refus de l’Eurogroupe d’accéder à notre requête d’une extension du plan d’aide actuel pour quelques jours, ou deux semaines va certainement endommager la crédibilité de l’Eurogroupe en tant qu’union démocratique d’Etats partenaires et j’ai bien peur que ces dommages soient définitifs ».
Le programme d'aide s’arrêtera donc mardi comme prévu initialement et le gouvernement grec devra donc se débrouiller tout seul pour faire face au remboursement de 1,6 milliard d’euros que le FMI attend pour ce jour-là.
Les ministres des Finances se sont réunis samedi soir à dix-huit sans leur homologue grec pour envisager les conséquences et s’assurer de la stabilité de la zone euro.
La première conséquence prévisible est que la Grèce va certainement se retrouver mardi en défaut de paiement face au FMI.
Pour les autres membres de la zone euro, c’est maintenant le plan B, à savoir comment gérer ce défaut de paiement qui dans un premier temps ne concerne pas directement la Banque centrale européenne, mais qui pourrait entraîner une sortie, voire une suspension de la Grèce de la zone euro.
ANALYSE
L’Eurogroupe a décidé de convoquer samedi en fin d’après-midi une réunion des ministres de Finances sans le ministre grec pour «discuter des conséquences» de la fin du plan d’aide à la Grèce, caduc mardi 30 juin. Le jour où Athènes doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI. Une somme dont elle ne dispose pas.
La décision de la tenue d’une telle réunion fait suite au rejet par la Grèce des propositions de réformes de la troïka en échange de financement. Il y a deux semaines à Bruxelles, la présidence française envisageait déjà cette possibilité et disait étudier les répercussions qu’une telle issue aurait sur l’économie européenne et sa monnaie l’euro.
Désormais, il semble bien que l’on s’oriente dans cette direction. Absent de cette réunion, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a quant à lui déclaré que les négociations pouvaient continuer jour et nuit pour améliorer les propositions des créanciers.
Mais Athènes ne veut pas des réformes imposées par la troïka, jugées contraires au programme qui a permis à Alexis Tsipras de devenir Premier ministre. Et c’est là tout l’enjeu, car en cas de référendum le 5 juillet prochain le gouvernement d’Alexis Tsipras pourrait être sanctionné par ses compatriotes auxquels il avait promis la fin de l’austérité.
Réunion d'urgence toute la journée au Parlement grec
L'annonce par l'Eurogroupe de ne pas prolonger le programme d'aide a fait réagir les députés grecs.
Avec notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard
Dans l'opposition, on s'attendait à l'annonce de l'Eurogroupe sur l'arrêt des négociations. Pour le député conservateur de la Nouvelle Démocratie, Makis Voridis, c'est un échec du Premier ministre Alexis Tsipras : « Normalement, le gouvernement doit garantir que jusqu'à ce référendum, nous ne serons pas en dehors du programme, après ça va être un gros problème, parce que ça va être la faillite, parce que les banques vont fermer ».
Dans les rangs de Syriza, on met en cause une nouvelle pression sur les électeurs, comme l'explique Aglaia Kyritsi, député de Syriza depuis janvier : « Les créanciers poursuivent le même chantage, c'est-à-dire pousser le gouvernement grec, pousser le peuple grec à répondre oui au référendum, à accepter un nouvel accord pour un prêt qui va nous lier encore plus que ces dernières années ».
Pour le gouvernement grec, ce n'est pas Athènes qui interrompt les négociations. Ce sont les ministres des Finances de la zone euro qui ont posé un ultimatum à la Grèce en lui demandant d'accepter des propositions « qu'aucun gouvernement grec ne pourrait admettre ».